Coûteuse 'Opération Sentinelle' : censée nous protéger, elle fait des soldats des cibles
Le dispositif mobilise 7 000 militaires patrouillant à proximité de lieux sensibles. C’est la sixième fois depuis son lancement à la suite des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, en janvier 2015, que des militaires de l’opération sentinelle sont pris pour cibles. Arrêtons le massacre !
Des voix diverses s’expriment dans les journaux (Ouest-France, le Parisien, France Info, …)
Les politiques :
Pour la ministre des Armées, Florence Parly, les militaires de Sentinelle « sont un rempart avant toute chose puisqu’à chaque fois ils ont pu déjouer les tentatives d’attentats (…) qui étaient en préparation ». De son côté, la sénatrice Nathalie Goulet interrogé par Le Parisien estime que cette opération a « un pouvoir rassurant sur la population, dans un climat d’immense inquiétude après les attaques terroristes… Dans les gares, c’est manifeste. Les patrouilles ont aussi une dimension dissuasive réelle. »
Les militaires :
« Ce dispositif ne donne satisfaction à personne car il apporte très peu en termes de sécurité », assure le général (à la retraite) Vincent Desportes. « En revanche, il fournit aux terroristes des cibles militaires claires pour qui veut les frapper. Depuis le début, ils ont essentiellement servi de cibles. » « C’est une opération d’ordre psychologique et politique, mais qui ne rajoute rien à la sécurité des Français, ajoute-t-il. En revanche, elle fait porter une charge considérable sur les armées et a un poids tout à fait négatif sur le moral des troupes et leur capacité à recruter les soldats dont nous avons besoin ». "Sentinelle n'a jamais déjoué, ni empêché, ni entravé, aucun attentat en France depuis sa mise en œuvre", martèle Jean-Charles Brisard, du centre d'analyse du terrorisme, interrogé par France 3.
Plusieurs militaires travaillant pour l'opération Sentinelle, ainsi que leurs proches, témoignent de conditions de travail et de vie familiale particulièrement difficiles. "Ils sont fatigués. Les nuits, le militaire se dit : 'Je vais dormir 5 heures.'", dénonce Laetitia, qui mène le mouvement Femmes de militaires en colère, au micro de franceinfo. Cette épouse de militaire évoque des logements "où on ne mettrait même pas des animaux". "On a des hommes qui sont mangés par des punaises de lit. Il y a des militaires qui passent un mois et demi dans l'année chez eux. Ce n'est pas possible !" condamne-t-elle, évoquant aussi une "peur au ventre" du fait des attaques répétées contre les militaires.
Tout cela pour un coût élevé
Selon les chiffres avancés par l'ancien ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'opération Sentinelle coûtait un million d'euros par jour en 2015, rapporte LCI. Ce dernier a finalement estimé le coût du dispositif à 176 millions d'euros en 2015, et 145 millions d'euros pour 2016.