Vidéo : à 20 ans, elle filme son périple de la Syrie aux frontières de l’Europe
Filmée par une jeune Kurde syrienne originaire de Raqqa, la vidéo "S’échapper de la Syrie" révèle au grand jour la dure réalité des routes migratoires, sur lesquelles des milliers de personnes se risquent chaque jour. Syrie, Turquie, Grèce, frontière macédonienne, avion pour Vienne : le document nous fait passer, avec sa réalisatrice, par toutes les phases de ce dangereux périple. Et nous fout au passage la boule au ventre. "Traverser la mer va être effrayant, mais bien moins que les horreurs qu’on a vues en Syrie. Autrement les Syriens ne risqueraient pas la traversée", souffle Rania Mustafa Ali, quelques instants avant d’embarquer sur un radeau de fortune pour la Grèce. "Le gilet de sauvetage, on ne sait même pas si c’est un vrai ou pas." Arrivé en Grèce, c’est l’attente à Idomeni, camp précaire où des milliers de gens attendent dans la boue dans l’espoir de passer la frontière macédonienne. Rania montre les tentatives infructueuses, les personnes en fauteuil roulant, les risques pris par les femmes et leurs enfants pour traverser une rivière, les déceptions, les affrontements à la frontière barbelée, où des cohortes de policiers en armes arrosent la foule de gaz lacrymogène, scène de guerre insoutenable. Ce reportage est nécessaire, parce qu’il montre à quel point les flux migratoires sont composés de gens comme vous et moi, des familles, des voisins, qui fuient leur pays la peur au ventre sans rien savoir de ce qui les attend. Sans sensationnalisme, sans apitoiement sur elle-même, avec courage, Rania Mustafa Ali raconte ce qu’être un migrant signifie. Théo Mercadier - SPEECH |