Les associations craignent une année « horribilis » en 2018
Article de Marie Bellan, publié le 10/11/2017 sur https://www.lesechos.fr/economie-france/social/030852751004-les-associations-craignent-une-annee-horribilis-en-2018-2128887.php#7ACImRQOD0RGeqd4.99
En déplacement ce jeudi sur le site d'un collectif d'associations à Paris, le Premier ministre a pu mesurer l'inquiétude du monde associatif suite à la baisse des emplois aidés.
L'accueil a été courtois. Mais derrière les marques de politesse, c'est surtout l'inquiétude du monde associatif qui a percé jeudi. En déplacement sur le site des Grands Voisins à Paris, qui regroupe une centaine d'associations, le Premier ministre, Edouard Philippe, était venu annoncer un « plan de développement de la vie associative ». Mais cela a été surtout l'occasion pour le gouvernement (Nicolas Hulot et Jean-Michel Blanquer étaient également présents) de prendre la température d'un secteur touché par la baisse des emplois aidés.
Manque de reconnaissance
« La décision a été brutale et mal vécue. Il n'y a aucune concertation », a témoigné Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif devant le Premier ministre. « On ne peut que déplorer l'absence de dialogue qui est ressentie comme un manque de reconnaissance. On nous demande de nous réformer, mais le secteur a déjà beaucoup évolué, plus de la moitié de nos ressources viennent désormais de fonds privés », a estimé ce même responsable, qui demande avant tout au gouvernement des engagements dans la durée. « On nous parle de choc de confiance pour les entreprises, mais le monde associatif en a aussi bien besoin », a insisté Philippe Jahsan.
Destruction d'emplois
La baisse de 320.000 à 200.000 contrats aidés entre 2017 et 2018 a plutôt créé un choc de défiance, qui fait dire à beaucoup de responsables du secteur associatif que des emplois vont être supprimés purement et simplement l'an prochain. « Sur le principe de la baisse des contrats aidés pour aller d'une politique d'insertion vers une politique d'emploi durable, nous ne sommes pas contre et c'est même un de nos objectifs, mais il faut nous laisser du temps et de la visibilité pour travailler notre modèle socio-économique. La décision du gouvernement a été trop brutale », insiste Sébastien Darrigrand, délégué général de l'Udes, qui regroupe les entreprises de l'économie sociale et solidaire.
L'année 2018 risque en effet d'être difficile à passer, notamment pour les associations sportives et culturelles et celles qui travaillent dans l'insertion, car ce sont souvent des structures de toute petite taille (à la différence du secteur sanitaire et social par exemple), qui n'ont pas la capacité d'amortir des coupes budgétaires importantes.
Hausse de 10 % du budget
L'année 2019 en revanche devrait être meilleure car comme l'a rappelé le Premier ministre, les associations bénéficieront à la fois de 500 millions d'euros de crédit d'impôt sur les taxes sur les salaires (l'équivalent du crédit d'impôt compétitivité et emploi pour les entreprises) à hauteur de 4 % (et non 6 % comme pour les entreprises) et de la baisse des charges sociales sur les bas salaires chiffrée à 1,4 milliard par le gouvernement.
Pour tenter d'apaiser les inquiétudes, Edouard Philippe a aussi rappelé que les crédits budgétaires consacrés au secteur associatif augmenteraient de 10 % en 2018. Mais cela les portera à 67,6 millions d'euros à peine.
Marie Bellan