« Si on est là, c'est qu'on a eu de la chance ! »
D'Érythrée, d'Éthiopie, de Géorgie, ils ont fui leur pays où leur vie était en danger. Hier, ils se sont retrouvés pour la Journée mondiale des réfugiés, qui s'est tenue quai Ligny.
Reportage
Ils sont quand même venus, malgré la pluie. Artiste géorgienne, couple de l'Est, Erythréens, Soudanais, Guinéens... Pour la Journée mondiale des réfugiés, quatorze associations angevines impliquées dans leur accueil, coordination des migrants, Amnesty international, Aptira (Association pour la promotion et l'intégration dans la région d'Angers), Francas, Greff, avaient organisé une réunion sous un chapiteau, près de la fontaine du quai Ligny.
Au programme, chaleur humaine, solidarité, musique, gâteaux. Et témoignages.
Comme une seconde vie
Lela, une chanteuse géorgienne, s'accompagnait de sa guitare pour partager des chants traditionnels de son pays. Certains réfugiés ne pouvaient s'attarder, occupés aux préparatifs de fin de journée du ramadan.
Un petit orchestre de musiciens angevins et réfugiés donnait le tempo de la fête où les coeurs battaient à l'unisson des émotions. « Si on est en France, c'est qu'on a eu de la chance, raconte Mechaele, Erythréen. Ici, vous travaillez pour conserver la démocratie et la paix. Quand on est arrivé ici, c'était comme une seconde vie ! On a des compatriotes morts, noyés, torturés, jamais revus. »
Voici quatre ans, il ne connaissait pas un mot de français. Il prend le micro et s'exprime dans sa langue, le tigrigna, tandis que Ghirmay traduit. Tous deux font partie de l'association franco-érythréenne pour la liberté et la démocratie d'Angers (Afelda).
« On parle français grâce aux bénévoles de la Petite école, à Bouchemaine, et à l'Aptira. Maintenant, à nous de continuer, de nous prendre en main », insistent-ils plusieurs fois. L'assistanat n'est pas leur truc. Après le français, le travail demeure leur principal souci. Mechaele n'est pas mécontent de subvenir à ses besoins : « Je nettoie un grand magasin », confie-t-il.
Des survivants
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Ces jeunes gens se soutiennent entre eux... Après avoir franchi des obstacles dont ils égrènent la liste : « Les extrémistes dans le Sahara qui vous assassinent, les prises d'otages, les naufrages et les organes que l'on prélève sur les migrants de certaines régions. On est des survivants. Nous avons eu plus de chances que ceux que l'on a laissé en chemin. » Ils délivrent des tranches de leur vie, avec force et résolution. Des mots poignants d'humains emprunts de dignité. « Plus on rêve de liberté, plus on doit marcher beaucoup aujourd'hui », lance Mecheale.
[Plusieurs militants d'organisations] portent le gilet jaune fluo qui distingue les bénévoles des réfugiés. Dessus, en lettres noires, est écrit un message sous forme de solgan : « Des visas pour les réfugiés ! » Ils relaient la campagne d'Amnesty international qui interpelle le président de la République pour que les migrants soient accueillis en toute sécurité.
[La Ligue des Droits de l'Homme] annonce que depuis vendredi le site sosmigrants49.org est ouvert. « Cette plate-forme d'échanges centralise tout ce qui se fait pour les migrants, et leurs demandes. Partout dans le département, il y a pleins d'initiatives, à Chalonnes, Chemillé et bien d'autres. Ce site mutualise les possibilités, les offres et les demandes, que ce soit en hébergement, formation, cours de français, etc. »