Plan de “conquête” de la bande de Gaza : la France doit réagir fermement
Communiqué commun dont la LDH est signataire
Douze associations et ONG françaises, dont la LDH, appellent la France à prendre des engagements concrets contre le plan d’occupation de la bande de Gaza annoncé par le gouvernement israélien.
Lundi 5 mai 2025, Benyamin Nétanyahou a annoncé sur X un plan dit de « conquête » renforçant l’occupation effective de la majorité du territoire de la bande de Gaza. La population palestinienne serait alors contrainte à un nouveau déplacement forcé et dans l’obligation de se masser au sud du corridor de Morag, dans le gouvernorat de Rafah. Nous craignons une nouvelle aggravation de la situation humanitaire déjà catastrophique. Le gouvernement israélien est actuellement en train de mobiliser plusieurs milliers de soldats réservistes en préparation de cette attaque, et a fixé comme date limite de négociation d’un accord de cessez-le-feu à la fin de la visite de Donald Trump dans trois pays de la région, du 13 au 16 mai 2025. Les déplacements forcés de population constituent systématiquement des crimes de guerre.
Nos organisations appellent la France à utiliser l’ensemble des leviers d’action dont elle dispose afin de faire pression sur le gouvernement israélien pour que cesse le génocide en cours, notamment en prenant des sanctions à l’encontre de membres du gouvernement israélien, en interdisant le commerce des produits des colonies israéliennes, en appelant à la suspension de l’accord d’association UE-Israël et en suspendant les livraisons d’armes et de composants militaires à Israël. La France doit aussi clarifier sa position concernant les mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, et indiquer qu’elle procéderait à leur arrestation s’ils se rendaient sur le territoire français. Elle doit utiliser tous les moyens dont elle dispose pour que l’aide humanitaire puisse entrer dans la bande de Gaza sans entrave.
Israël refuse que l’aide humanitaire rentre dans la bande de Gaza depuis le 2 mars. 100 % de la population devrait être confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, classés en phase 3 (crise) ou plus selon les projections de la classification IPC, et 35 % de la population de Gaza reçoit moins de 15 litres d’eau par personne et par jour pour boire, cuisiner et assurer son hygiène de base [1].
Près de 200 journalistes palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, ce qui en fait la période la plus meurtrière pour les journalistes depuis 1992 [2].
La Cour internationale de Justice a, dans un avis consultatif du 19 juillet 2024, déclaré que l’occupation par Israël du Territoire palestinien était illégale. L’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté le 18 septembre 2024 une résolution qui exige d’Israël de mettre fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé au plus tard en septembre 2025. Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice a en outre ordonné à Israël de s’abstenir de commettre des actes constitutifs du crime de génocide.
Signataires : Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Association France Palestine Solidarité (AFPS), CCFD-Terre Solidaire, Cedetim, Chrétiens de la Méditerranée, la Cimade, Crid, Enfance Réseau Monde – Services, Réseau Euromed France, LDH (Ligue des droits de l’Homme), One Justice, les amis de Sabeel France
[1] OCHA, “Reported impact snapshot | Gaza Strip (30 April 2025)”
[2] https://cpj.org/2025/02/journalist-casualties-in-the-israel-gaza-conflict/?utm*