L’apologie de terrorisme est le bâillon de la liberté
Tribune collective à l’initiative de la LDH et de la CGT signée par 150 citoyen-ne-s publiée sur Mediapart
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À l’initiative de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, et de Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme), 150 citoyen-ne-s s’alarment de l’utilisation de l’apologie de terrorisme pour bâillonner l’expression des protestations sociales, démocratiques et écologiques. Parmi les signataires, Étienne Balibar, Rony Brauman, Alain Damasio, Philippe Descola, Cécile Duflot, Didier Fassin, Antoine Garapon, Cédric Herrou, Nancy Huston, Eva Joly, Henri Leclerc et Elias Sanbar.
« Apologie du terrorisme » : l’expression fait florès. À la fois couteau suisse et épée de Damoclès, elle sert à tout et menace de s’abattre sur la tête de tout un chacun.
En son nom, on a, dans la dernière période, stigmatisé et réprimé le mouvement écologiste. En son nom, des responsables syndicaux ont été inquiétés, poursuivis, condamnés à des peines allant jusqu’à l’emprisonnement. En son nom, une élue nationale, présidente de son groupe parlementaire, se voit convoquée à la police pour être entendue. En son nom on tente d’instrumentaliser la justice pour en faire le lieu de règlement de débats politiques. En son nom, on interdit des manifestations, on annule des conférences, on tente d’étouffer la liberté de parole de personnalités engagées dans la vie publique du pays, on vise à criminaliser les voix qui, semble-il, dérangent ; on instaure une véritable police de la pensée.
« L’apologie de terrorisme » semble bien concerner tout le monde, et ce constat nous inquiète. C’est une question trop grave pour être dévoyée. Comme celles et ceux contre qui cette expression est utilisée, nous partageons la conviction que la transition écologique ne se fera qu’au prix d’une rupture avec les groupes d’intérêts arc-boutés sur les vieux modes de production et de consommation. Comme eux, nous jugeons que les politiques publiques, dures aux faibles et faibles aux forts, légitiment la protestation sociale. Comme eux, face aux crimes et aux massacres commis au Moyen-Orient nous pensons que la violence entraine malheureusement la violence et que la vengeance se paye de toujours plus de sang. Comme eux, nous organisons la solidarité avec les populations civiles et réclamons l’application du droit international humanitaire, seule voie permettant d’échapper à cette spirale de violence mortifère.
Nous aussi sommes engagés dans cette fameuse « apologie du terrorisme » dont on les menace, et plaidons coupables. C’est pourquoi nous demandons à être entendu-e-s, toutes et tous par la police.
Premiers signataires :
1. Ahmed Abbes, mathématicien, directeur de recherche ; 2. Gilbert Achcar, universitaire ; 3. Michel Agier, anthropologie (Ehess) ; 4. Wadih Ange Al Asmar, président de Euromed Droits ; 5. Arié Alimi, avocat ; 6. Pierre Amalric, psychanalyste ; 7. Gérard Aschieri, syndicaliste ; 8. Georges Auspitz, coordination nationale de l’UJFP ; 9. Viviane Baladi, mathématicienne, directrice de recherche ; 10. Etienne Balibar, philosophe ; 11. Allan Barte, auteur-dessinateur ; 12. Anahita Bathaie, artiste plasticienne ; 13. Edmond Baudoin, auteur de bandes dessinées ; 14. Patrick Baudouin, avocat, président de la LDH ; 15. Francine Bavay, ancienne vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France ; 16. Jean-François Bayart, professeur d’université ; 17. Fayçal Ben Abdallah, fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ; 18. Mohamed Ben Saïd, fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ; 19. Stéphanie Besson, co-fondratrice de Tous Migrants ; 20. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT ; 21. Xavier Blanc, universitaire, mathématicien ; 22. Pascal Boniface, universitaire ; 23. Clément Borderie, artiste ; 24. William Bourdon, avocat au barreau de Paris ; 25. Rony Brauman, médecin ; 26. Sarah Brochart, coordination nationale de l’UJFP ; 27. Michel Broué, mathématicien ; 28. Violaine Carrère, militante associative (Gisti) ; 29. Laurent Cauwet, éditeur et auteur ; 30. Jean-Paul Challognaud, professeur émérite des universités ; 31. Mouhieddine Cherbib, président du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) ; 32. Stéphanie Chevrier, éditrice ; 33. Maxime Combes, économiste ; 34. Philippe Corcuff, professeur de science politique ; 35. Jean-François Corty, médecin, vice-président de Médecins du Monde ; 36. Marie Cosnay, écrivaine ; 37. Christophe Daadouch, membre du Gisti ; 38. Alain Damasio, écrivain ; 39. Pierre Dardot, philosophe ; 40. Stéphane Dauger, professeur de médecine ; 41. Sonia Dayan-Herzbun, professeur émérite des universités ; 42. Laurence De Cock, historienne ; 43. Alain Deneault, philosophe, écrivain ; 44. Philippe Descola, professeur émérite au Collège de France ; 45. Dominique Devals, chanteuse et comédienne ; 46. Bernard Dréano, président du Cedetim ; 47. Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France ; 48. Alain Dugrand, écrivain ; 49. Dugudus, artiste, graphiste ; 50. Simon Duteil, syndicaliste ; 51. Ivar Ekeland, professeur honoraire, université Paris-Dauphine ; 52. Didier Fassin, professeur au Collège de France ; 53. Eric Fassin, professeur d’université ; 54. Fabienne Favre, traductrice ; 55. Michel Feher, philosophe ; 56. Julie Ferrua, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires ; 57. Olivier Fillieule, professeur de science politique ; 58. Sylvain Fourcassié, écrivain ; 59. Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche émérite au CNRS ; 60. Isabelle Gallagher, universitaire, mathématicienne ; 61. Jean-Jacques Gandini, ancien président duYannick Kergoat, cinéaste ; 62. Antoine Garapon, juriste, membre du comité de rédaction de la revue Esprit ; 63. Fabien Gay, directeur de L’Humanité ; 64. Yves Gigou, infirmier de secteur psy ; 65. Liliane Giraudon, autrice, poète ; 66. Hélène Gispert, professeur émérite des universités ; 67. Patrice Gouy, journaliste ; 68. Jean-Guy Greilsamer, militant juif antisioniste ; 69. Alain Gresh, journaliste, directeur de Orient XXI ; 70. André Grimaldi, professeur de médecine émérite ; 71. Louise Gügi, artiste, autrice ; 72. Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires ; 73. Patrick Haimzadeh, auteur ; 74. Hania Hamidi secrétaire générale de l’UNEF ; 75. Cédric Herrou, agriculteur, Emmaüs Roya ; 76. Nancy Huston, écrivaine ; 77. Pierre Jacquemain, journaliste ; 78. Eva Joly, avocate ; 79. Pierre Kammerer, psychanalyste ; 80. Leslie Kaplan, écrivaine ; 81. 82. Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic ; 83. Mehdi Lallaoui, auteur-réalisateur ; 84. Nicole Lapierre, socio-anthropologue ; 85. François Larroussinie, universitaire, informaticien ; 86. Christian Laval, sociologue ; 87. Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; 88. Patrick Le Mauff, acteur ; 89. Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers ; 90. Henri Leclerc, avocat, président d’honneur de la LDH ; 91. Olivier Legrain, thérapeute ; 92. Séverine Leidwanger, universitaire ; 93. Marie Lepetit, artiste ; 94. Yael Lerer, éditrice, franco-israélienne, militante pour l’égalité et la justice en Israël/Palestine et ailleurs ; 95. Agnès Levallois, analyste, spécialiste du Moyen-Orient ; 96. Corinne Luxembourg, professeur, présidente de la section LDH de Gennevilliers ; 97. Paul Machto, psychiatre et psychanalyste ; 98. Ziad Majed, professeur universitaire ; 99. Gilles Manceron, historien ; 100. Yann Manzi, directeur général d’Utopia 56 ; 101. Farouk Mardam Bey, éditeur ; 102. Philippe Marlière, politiste ; 103. Laurent Mauduit, journaliste ; 104. Marie José Mondzain, philosophe ; 105. Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste ; 106. Clément Mouhot, professeur de mathématiques, université de Cambridge ; 107. Dominique Natanson, animateur du site Mémoire Juive et Éducation ; 108. Julien Noé, entrepreneur de l’économie sociale ; 109. Heitor O’Dwyer de Macedo, psychanalyste ; 110. Bruno Péquignot, professeur émérite des universités, Sorbonne Nouvelle ; 111. Claudine Perdigon, pédopsychiatre ; 112. Philippe Pialoux, psychologue ; 113. Edwy Plenel, journaliste ; 114. Eric Plouvier, avocat ; 115. Dominique Pradalié, journaliste ; 116. Charlotte Puertas, artiste ; 117. Isabelle Reghi, présidente de l’Association française des juristes démocrates ; 118. Fabrice Riceputi, hisorien ; 119. Florence Rigal, présidente de Médecins du Monde ; 120. Anne Rochette, sculpteure ; 121. Barbara Romagnan, enseignante ; 122. Michel Rousseau, co-président de Tous Migrants ; 123. Agnès Rousseaux, journaliste ; 124. Alain Ruscio, historien ; 125. Catherine Samary, membre du conseil scientifique d’Attac ; 126. Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France ; 127. Elias Sanbar, écrivain, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco ; 128. François Sauterey, co-président du MRAP ; 129. Frédéric Sawicki, professeur d’université ; 130. Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union Étudiante ; Syndicat des avocats de France (SAF) ; 131. Sylvie Séma Glissant, artiste plasticienne, directrice de l’Institut du Tout-Monde ; 132. Michèle Sibony, Union juive française pour la paix (UJFP) ; 133. Serge Slama, professeur de droit public, université Grenoble-Alpes ; 134. Alfred Spira, professeur des universités, membre de l’Académie nationale de médecine ; 135. Danielle Tartakowsky, historienne ; 136. Nathalie Tehio, avocate, membre du bureau national de la LDH ; 137. Flor Tercero, avocate ; 138. Benoît Teste, secrétaire général de la FSU ; 139. Enzo Traverso, historien ; 140. Anne Tuaillon, présidente de l’Association France-Palestine Solidarité ; 141. Jean-Christophe Vaillant, scénographe ; 142. Anne Vallaeys, écrivain ; 143. Anaïs Vaugelade, autrice, illustratrice, éditrice ; 144. Éric Verdier, directeur de recherche émérite au CNRS ; 145. Marie-Christine Vergiat, ex-députée européenne ; 146. Dominique Vidal, journaliste et essayiste ; 147. François Vitrani, président de l’Institut du Tout-Monde ; 148. Christiane Vollaire, philosophe ; 149. Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac ; 150. Valentine Zuber, historienne
Paris, le 16 mai 2024