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Publié par LDH49

La journaliste et contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot © AFP / BERTRAND-GUAY

La journaliste et contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot © AFP / BERTRAND-GUAY

Un nouveau centre pénitentiaire est prévu en périphérie d’Angers pour une ouverture en 2027. Il est essentiel de prendre conscience de ce que sont, aujourd’hui, les lieux de privation de liberté, pour que celui qui est en projet accueille dignement les personnes incarcérées. Ecouter Dominique Simonnot, contrôleur générale des lieux de privation de liberté, est riche d'enseignements. 

Elle était reçue sur France Inter, le 18/02/2022. Emission à réécouter sur : 

https://www.franceinter.fr/emissions/une-semaine-en-france/une-semaine-en-france-du-vendredi-18-fevrier-2022

 

Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, nommée à ce poste en octobre 2020 par le chef de l’Etat pour une période de 6 ans, elle est chargée du contrôle des prisons, mais aussi des lieux de garde à vue, centres de rétention, centres éducatifs fermés, et d’une partie des hôpitaux psychiatriques. Dominique Simonnot a publié dans Le Monde un appel aux magistrats, avocats et parlementaires à « entrer dans nos prisons », et se confronter à la dure réalité : surpopulation, insalubrité, manque de personnel…Elle dénonce dans son appel les conditions de vie des prisonniers, le manque d’hygiène frappant dans les prisons et lieux de garde à vue, ainsi que la forte surpopulation dans les lieux de privation de liberté. 

En effet, il y a actuellement 70 000 détenus en France, pour 58 800 places. 1600 de ces détenus dorment sur un matelas posé au sol, et dans certaines prisons, le taux d’occupation atteint 200%. Alors que la pandémie avait permis de réduire le nombre de détenus, ce chiffre a augmenté de 11% en un an. Le personnel pénitentiaire en souffre également : il y a 15 ans, un surveillant avait à sa charge 53 détenus en moyenne. Aujourd’hui, il en a 150. *

Extrait de la tribune publiée dans Le Monde : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/07/dominique-simonnot-parlementaires-magistrats-vous-qui-en-avez-le-droit-allez-visiter-nos-prisons_6112594_3232.html

Entrez dans les prisons ! Venez découvrir les colonnes de cafards qui cavalent en rangs serrés et les rats qui grignotent dans la cour ! Voyez ces trois hommes dans 4,30 mètres carrés d’espace vital qui montent la télé à fond quand l’un d’eux va aux toilettes. Ecoutez ce que me dit celui-ci « Je suis dans un trou qui s’appelle une prison, à trois dans une cage pour un. Ils nous ont mis un gamin de 22 ans qui fait crise d’épilepsie sur crise d’épilepsie. On le relève quatre fois par nuit et, à chaque crise, il s’arrête de respirer, on croit qu’il va mourir à côté de nous. » Et celui-là : « J’ai 79 ans et jamais je n’aurais pensé terminer ma vie dans de telles conditions. C’est une ambiance létale. La cellule en dessous de moi, il y a un aveugle, l’autre nuit, il a voulu aller aux toilettes, il est tombé du lit. Il n’a été relevé qu’à 7 heures du matin. » Entendez cet autre qui a fini par percer lui-même l’abcès dentaire dont il souffrait depuis des jours. Impossible de voir un dentiste. Trop longue liste d’attente, trop peu de véhicules d’extraction médicale.

Venez, écoutez les surveillants, les directeurs pénitentiaires dire leur colère, leur désespoir. Vous décrire leurs tâches rendues folles par la folie des cellules qui débordent. Ils vous diront avoir débuté il y a une quinzaine d’années à un surveillant pour 53 détenus, et être passés à un pour 150… Rassurez-les, dites-leur qu’il est normal que leur tâche ait triplé.

Quelque 1 600 détenus à même le sol

Les chiffres sont insensés. Presque 70 000 détenus au 1er janvier, soit une hausse de 11 % en un an. Evaporé, donc, un des seuls effets bénéfiques du Covid-19, avec 58 700 détenus en juillet 2020, une baisse rendue possible grâce à des ordonnances ministérielles de libérations anticipées, à deux ou trois semaines de fins de peine et sous le contrôle des juges de l’application des peines. Car le gouvernement s’effrayait, alors, d’une promiscuité qui, déjà scandaleuse en temps normal, promettait une catastrophe en temps de pandémie.

...

* La France a été rappelée plusieurs fois à l’ordre par la Cour Européenne des Droits de l’Homme en 2020 pour la surpopulation carcérale et des traitements indignes

 

 

 

 

 

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