Contre la loi « sécurité globale » plus de 3 000 personnes rassemblées à Angers
La manifestation contre la loi « sécurité globale » a rassemblé plus de 3 000 personnes à Angers au Jardin du Mail.
Lire l’article de Bruno Jeoffroy pour le Courrier de l’Ouest :
"Selon notre propre comptage, la manifestation a rassemblé entre 3 000 et 4 000 Angevins".
L'Observatoire Angevin des Libertés Publiques participait à ce rassemblement.
Constitué de la LDH49, ACAT Angers, ATTAC49, SNJ49, il se donne comme premier objectif de recenser les violences et les restrictions disproportionnées ou injustifiées des autorités dans le département afin de les rendre publiques.
Il rejette la proposition de loi « de sécurité globale » qui menace gravement l'Etat de droit et les principes fondamentaux de notre démocratie.
Depuis des années déjà et particulièrement depuis la surenchère sécuritaire initiée au début des années 2000, de nombreuses réformes cumulées avec les recours successifs à l’état d’urgence ont limité progressivement nos libertés :
- interdiction de masquer son visage,
- transfert des pouvoirs des juges vers le pouvoir exécutif (préfets et procureurs),
- obligation de déclarations de manifestation,
- banalisation de l'état d'urgence...
Et parmi cet arsenal, des articles de lois flous autorisent des gardes à vue et des poursuites fondées uniquement sur des interprétations d'intention ou de comportements.
Les conséquences en sont déjà très lourdes envers de simples manifestants pacifiques, militants, observateurs, journalistes, ou mêmes secouristes. Depuis quelques mois, les gardes à vue, des restrictions de circulations, des poursuites abusives sont dénoncées par les ONG.
Les violences policières, qui tuent, mutilent, détruisent des vies ne sont examinées que par une autorité dépendante des forces de l'ordre.
Après des mises en garde sur les dérives de ce contexte législatif par l'ONU, les défenseurs de droits, la cour européenne des Droits de l'Homme, nous aurions pu attendre des législateurs qu'ils amendent ou suppriment les articles de lois liberticides au nom des principes républicains.
Au contraire, le Parlement vient de voter en première lecture un texte de loi « relative à la sécurité globale » qui s’inscrit dans ce sillage sécuritaire.
- Ce texte de loi prévoit d’étendre aux polices municipales, sous le seul contrôle des maires, des compétences de la police nationale : par exemple des missions de police judiciaire.
- Ce texte de loi organise une privatisation de la police en contradiction flagrante avec les normes constitutionnelles.
- Allant encore plus loin dans la surenchère sécuritaire, la loi prévoit d’instaurer une surveillance généralisée de l’espace public, en autorisant l’Etat à utiliser des drones avec caméras, visant explicitement le contrôle de tous les manifestants.
- Alors que depuis 2016 les images des « caméras mobiles » portées par les policiers étaient uniquement utilisées a posteriori pour éclairer des faits contestés, l’article 21 de la loi « sécurité globale » permettrait leur utilisation immédiate et une analyse automatisée pour reconnaître en temps réel l’identité de tous les manifestants (reconnaissance faciale) : les citoyen. n.e.s courent alors le risque de gardes à vue préventives arbitraires ou celui d’être empêché.e.s tout aussi arbitrairement de se joindre au cortège au mépris de la liberté de manifestation.
- Enfin le texte prévoit la pénalisation de la diffusion d’images de policiers ou de gendarmes agissant dans le cadre de leurs missions d’ordre public, portant atteinte à la nécessaire transparence de ces opérations, avec des sanctions très lourdes (1 an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende). Cela empêcherait tout contrôle citoyen, voire le travail des journalistes, en favorisant l’impunité d’auteurs de violences policières.
Comment alors rendre publique la violence l’expulsion de campement de migrants ?
Comment remettre en cause la version officielle du décès de Cédric Chouviat, mort suite à une interpellation violente de policiers ?
Comment alors innocenter et défendre Michel, agressé et violemment molesté dans son studio d’enregistrement ?
Voilà pourquoi l'Observatoire Angevin des Libertés Publiques rejette cette proposition de loi liberticide, considérant que cette loi n’est qu’une fuite en avant sécuritaire et menace gravement les principes fondamentaux de notre démocratie et de l’Etat de droit.
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Une batucada a mis l'ambiance
avant de partir en manifestation dans les rues d'Angers