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Publié par LDH49

Apparemment l’usurpation d’identité n’est pas un délit comme les autres pour la justice de ce pays. L’affaire Griffaton dure depuis des années. Jacques Asseray, ancien président de la LDH 49 aujourd’hui décédé, avait présidé son comité de soutien. Aujourd’hui le Courrier de l’Ouest fait le point sur cette affaire qui n’a que trop duré !

Le cauchemar de Stéphane Griffaton, victime d’usurpation d’identité, continue. Il a été condamné. Et l’État se sert sur son compte.

Si jamais les gendarmes l’arrêtaient sur le chemin de son travail, pour un contrôle routier, ils découvriraient que son permis de conduire n’est plus valable. Il a été déclaré perdu en 1990 et refait. Mais pas par lui. Pourtant, Stéphane Griffaton, Angevin de 52 ans, a toujours l’original entre les mains. Ils découvriraient aussi qu’il est sous le coup d’une suspension de permis pour dix mois. Il a été condamné le 14 janvier 2015. Pourtant, il n’était pas au tribunal de Vannes (Morbihan) quand l’affaire de délits routiers - qu’il n’a pas commis - a été jugée, car il n’y a jamais été convoqué. C’est pourtant bien sur son compte bancaire que la justice vient de faire prélever 1 154 €, début juin, en application de la peine prononcée. Pour ne rien arranger, sa banque lui a infligé 115 € de frais. Pourtant, il n’a rien à se reprocher. Il est la victime. C’est la justice qui lui impose le rôle du condamné.

Le cauchemar a commencé en juin 2015 quand cet employé dans une société d’agroalimentaire a vu sur son salaire deux retenues de 375 € chacune. Des amendes majorées, notamment pour des conduites sous l’empire d’un état alcoolique à Vannes en septembre 2014, à des jours et à des heures auxquels il ne pouvait pas être présent, au volant d’une voiture qu’il n’a jamais possédée. « Ce n’était pas moi, mais sûrement mon frère Patrice. » Celui-ci a déjà usurpé l’identité de ses trois frères, profitant de connaître leurs dates de naissance pour falsifier leurs papiers.

« En prenant les empreintes, ils verraient qui est qui »

Son jeune frère Pascal a sombré dans la dépression, perdu femme et travail et même fait de la prison à cause de l’usurpateur. Patrice a déjà été condamné par le passé, mais il continue ses frasques.

« Je ne comprends pas qu’aucun policier n’ait eu l’idée de lui prendre ses empreintes. L’affaire serait déjà réglée depuis longtemps. Ce n’est quand même pas compliqué. Il est tatoué sur l’avant-bras. Moi, je n’ai aucun tatouage. C’est facile de nous différencier », s’exaspère le quinquagénaire. « Maintenant, j’ai un casier judiciaire alors que je n’ai rien fait. Qui va m’effacer tout ça ? ». Il guette les mauvaises nouvelles qui arrivent les unes après les autres dans sa boîte aux lettres, craignant toujours de nouveaux délits que Patrice aurait commis sous son nom. Stéphane Griffaton est en train de s’user la santé. « On n’a pas pris de vacances depuis trois ans à cause de ça. On n’en peut plus. Je suis obligé de payer. Ils se servent même. C’est hallucinant. »

Stéphane et son épouse Valérie se battent depuis deux ans pour être reconnus comme des victimes et obtenir réparation du préjudice. Ils ne comptent plus les démarches, les appels, les courriers recommandés… « On a déposé plainte mais on n’a pas pu faire opposition au jugement car il ne leur a jamais été notifié », indique leur avocat, Me Mickaël Boulay. En 2016, le parquet de Vannes a renvoyé le dossier à celui d’Angers qui lui a retourné le bébé six mois plus tard. Deux ans ont été perdus. L’affaire est aujourd’hui entre les mains du procureur de la préfecture du Morbihan, qui ne répond ni aux Griffaton, ni à leur avocat.

« On vient d’apprendre par le ministère de la Justice que l’affaire pourrait être confiée au parquet de Lorient parce que Patrice serait domicilié à Locminé », indique Valérie Griffaton. L’information surprend Me Boulay qui a su de son côté que le dossier pourrait rejoindre Agen, où se trouverait actuellement Patrice. « On nous balade. On dirait que personne ne veut s’occuper du dossier. »

La crainte du couple Griffaton est de voir l’affaire traîner encore deux ans de plus. « Patrice le sait très bien. Cinq ans après les faits, il y aura prescription. Alors, il déménage souvent pour ne pas être repéré. On va finir par prendre un détective privé pour le retrouver, puisque la police et la justice ne font pas leur boulot. » Le couple et son conseil vont écrire aux procureurs des quatre parquets concernés, au Garde des Sceaux et solliciter l’appui du nouveau député de leur circonscription. Stéphane et Valérie Griffaton envisagent même de déposer plainte contre l’État qui s’acharne sur eux.

Philippe RUBION
philippe.rubion@courrier-ouest.com

 

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