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Publié par LDH49

Aux cinémas Les 400 Coups, du 10 au 16 mai, à 17h55

Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a 30 ans, il a fui cette ville. Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés ? Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir où la peur semble plus forte que jamais.

Un film à la première personne où le « je » est collectif et porte un récit social partagé : « Le film commence dans la maison de mon enfance où vivent mes parents. Je reviens dans ce pavillon où je suis né, dans cette ville que j’ai fui pour me construire, contre mes origines, contre la violence, et dans la honte de mon milieu. Mon retour est l’occasion d’un éclairage inattendu sur Forbach, ville « minée », en proie aux démons de l’extrémisme. C’est un voyage de l’intime au politique où je convoque les voix de ceux qui sont restés là-bas. Trois ans plus tard, mes parents ne sont plus là. La maison a été vendue à Ahmed dont le fils Noah est installé dans ma chambre d’enfant ».

Régis Sauder filme la ville de Forbach en deux temps : un premier temps en 2014 après le choc des élections municipales où Florian Philippot arrive en seconde place puis cet hiver 2016 où, après deux années de municipalité socialiste, la ville a repris un peu de « couleur ». La plus grande partie du film se déroule en 2014. Le réalisateur promène sa caméra dans les rues d’une ville qui semble abandonnée : nombre de boutiques sont vides et les panneaux « à louer » ou « à vendre » sont pléthore. Une cité HLM où a grandi la génération du réalisateur a été démolie ; une autre a fleuri aux immeubles posés comme des objets abandonnés sur une pelouse élimée. Les habitants sont orphelins de la mine : ceux de la génération précédente lui ont tout donné et ils ont tout perdu. Dans le système paternaliste des houillères tout était pris en charge au point que les habitants n’avaient pas besoin, par exemple, de passer le permis de conduire. L’immigration de l’époque était une immigration de travail et l’intégration se faisait bon gré, mal gré. Aujourd’hui l’absence de travail avive les tensions et il apparaît que ce ne sont pas les différences de classes sociales qui fragmentent la société mais les appartenances communautaires.

Partant de ces nombreux constats, le film offre de nombreuses possibilités de débats.

Le dévoilement intime reflète l’attachement que l’on porte après coup à ce contre quoi on s’est construit car cela fait partie de son histoire. Le réalisateur élabore ainsi un récit parallèle entre sa propre histoire et l’histoire de cette ville. Le grand intérêt du film est de nous faire ressentir cette dimension du temps long ; c’est comme si le film en réalisait une coupe en faisant percevoir la superposition de ces couches historiques depuis la « honte » de l’occupation allemande jusqu’à nos jours ; et il indique qu’il est important d’aller y voir, que cela permet de mieux assumer le présent. Ainsi est-il important de se rappeler dans quelles conditions sont arrivés les grands-parents ou arrière-grands-parents de la génération qui peuple la cité la plus exclue de Forbach, dans ce temps où les Forbachois « de souche » ne suffisaient pas à nourrir l’appétit de développement et de profit des cols blancs des Houillères et comment alors leurs enfants étaient des enfants de Forbach comme les autres et comment ils ont été parqués dans de sinistres cités où leur exclusion a développé les réflexes communautaires et le rejet subséquent des « bons » Forbachois…

Retour à Forbach, la bande annonce

 

France

Durée : 1h18

Réalisation : Régis Sauder

Production et distribution : DOCKS 66

 

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