Accueillir chez soi des migrants

On ne pouvait pas se tromper sur notre lieu de RV: Rouchy - ANGERS

L'endroit ils le connaissent bien, ils y viennent chaque soir.
Chaque soir pour savoir s'ils peuvent rester là ou pas.
Malgré leur arrivée bien avant l'heure, ne sont jamais sûrs de rien.
Assiduité et discrétion non récompensée.
Le "propre sur eux" , la couleur de leur peau qu'elle soit blanche ou noire, ne sont pas un césame pour entrer.
Sourire invisible au téléphone, par contre la voix fatiguée trahit l'usure. Mais cette voix là chacun la traîne ici, chacun la donne au 115 qui répond, des fois oui, des fois non, la place pour l'hébergement d'urgence ou la mise à l'abri comme on dit.
L'usure … celle de l'angoisse, de l'attente, celle de ne pas savoir, celle de dormir à plusieurs dans les préfabriqués, sur des lits de camp. D'être obligé de rentrer à 21h30 et de ressortir à 8h.
Eux, sont au bout du rouleau. Eux c'est lui et elle, un couple d'une quarantaine d'année. Enfin je ne sais à quelle vitesse on vieillit lorsqu'on fuit un pays.
Ce que je sais, c'est que certains veilleurs ont remarqué ce " au bout du rouleau " de lui autant d'elle, et ont proposé " un temps au vert ", 2 ou 3 jours à ne pas se poser la question du logis. A dormir tout son compte, ensemble, rien qu'eux. Dans un vrai lit.

On s'est donné rendez-vous devant les grilles du 115, cette fois en pleine journée. Je les ai conduits à 40 km de là, chez un habitant offrant un bout de chez soi, pour 2 ou 3 jours. Une maison inconnue pour eux.

Dans la voiture elle s'est endormie, confiante, ça lâche ...

Lui à côté de moi, un peu nerveux, mais souriant ...

Je sais par expérience/écoute que les " séjours au vert" ne sont souvent qu'emplis de sommeil et c'est tant mieux si on peut offrir rien que cela, comme à des bébés que nous sommes tous ... sécurité affective et physique - tranquillité du corps et de l'esprit - juste cela …

Pour offrir un bout de chez soi...

#Citoyenneté