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Publié par LDH49

Capture d'écran

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Tribune commune dont Nathalie Tehio, présidente de la LDH, est signataire, publiée dans Jeune Afrique.

Lire la tribune sur Jeune Afrique

Alors que le sommet de la Francophonie se tient à Paris et Villers-Cotterêts cette fin de semaine, Emmanuel Macron accueille une nouvelle fois des chefs d’État du monde entier. Nous, organisations de la société civile, nous interrogeons : quelle sera la prochaine promesse non tenue ?

Ces derniers mois, la France s’est tristement illustrée par son renoncement à faire preuve de solidarité auprès des populations les plus pauvres de la planète. Coupes budgétaires après coupes budgétaires, en quelques mois à peine, près de 2 milliards d’euros seraient amputés à l’Aide publique au développement (APD) si le nouveau gouvernement suit les lettres plafonds établies par le gouvernement démis.

La France, qui vient de marquer les esprits du monde entier par l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, symboles de solidarité et d’inclusion, serait ainsi prête à sabrer plus d’un quart de ses financements à la solidarité internationale. Cela irait à l’encontre de la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales de 2021, votée à l’unanimité, et des engagements internationaux de la France, mettant en péril le soutien à des millions de personnes vulnérables.

Les ravages des inégalités

Nos organisations, chaque jour sur le terrain, font face aux ravages des inégalités et de la pauvreté partout dans le monde et se trouvent aujourd’hui désemparées et dans une incompréhension totale quant à ces récentes décisions. En effet, en 1970, la France s’était engagée devant l’ONU à mobiliser l’équivalent de 0,7% de son revenu national brut (RNB) au profit de la solidarité internationale. Or la France n’a jamais honoré cette promesse et semble même l’avoir oubliée puisque l’Aide publique au développement de la France a chuté à 0,5 % de son RNB en 2023.

Pourtant les besoins, eux, ne chutent pas. Ils s’accélèrent même dans certains pays face aux changements climatiques et à la hausse des conflits armés. Dans le monde, 1 personne sur 9 souffre de la faim. 250 millions de filles et de garçons n’ont pas accès à la scolarité. Depuis plusieurs semaines, la propagation du virus Mpox mobilise plus que jamais les associations sur le terrain. Face à ce creusement des inégalités et au recul du respect des droits, l’APD est une grande part de la solution, qui a depuis longtemps fait ses preuves. Au service d’une coopération en dehors des marchés financiers, l’APD fournit l’aide humanitaire, soutient des projets d’adaptation climatique, promeut les services sociaux ou bien renforce les organisations de la société civile. C’est un investissement essentiel pour notre avenir collectif, à toutes et tous.

Aujourd’hui, la France brandit son déficit pour justifier de nouvelles baisses de l’Aide publique au développement. Mais pour construire un budget, d’autres solutions que les coupes budgétaires existent. Alors qu’une partie de ses recettes est directement affectée à la solidarité internationale, la taxe sur les transactions financières est une solution idéale pour lever des fonds afin de soutenir les populations les plus vulnérables.

Une taxe qui sauve et change des vies

Pourtant, si nos organisations ont applaudi sa mise en place en 2012, elles n’ont cessé de dénoncer les faiblesses de cet impôt à cause du maigre taux de 0,3 % (contre 0,5 % au Royaume-Uni) et de l’exemption du trading à haute fréquence. Un récent rapport de l’ONG Action Santé mondiale a même prouvé que de graves failles dans le recouvrement de la TTF faisaient perdre entre 1 et 3 milliards d’euros à l’État chaque année !

La taxe de solidarité sur les billets d’avion représente, elle aussi, une mesure juste pour financer la solidarité internationale. Son barème pourrait être revu à la hausse, par exemple sur le modèle du Royaume-Uni, ce qui augmenterait de plus de 3 milliards d’euros supplémentaires par an ses recettes.

Alors que le gouvernement parle de dérapage budgétaire inattendu, la coupe annoncée dans le financement de la solidarité internationale est en réalité une décision politique majeure. Avec le projet de loi de finances à venir, la France ne peut pas prendre la décision funeste de faire des économies sur le dos des plus vulnérables de cette planète. Au lieu du repli sur soi, la France peut réaffirmer sa volonté de soutenir les femmes et les hommes frappés par la pauvreté et imposer enfin une taxe sur les transactions financières ambitieuse qui sauve et change des vies. La France peut réaffirmer qu’elle est une nation qui mise sur la coopération entre les peuples et non un Etat qui piétine les valeurs de solidarité et d’humanité.

Signataires :

  1. Aïcha Koraïchi, Action contre la faim, présidente
  2. Gilles Delecourt, Action Education, directeur général
  3. Patrick Bertrand, Action Santé mondiale, directeur exécutif
  4. Luc De Ronne, ActionAid France, président
  5. Joël Lebreton, Agrisud International, président
  6. Christophe Chauveau, Agronomes et Vétérinaires sans frontières, directeur général
  7. Frédéric Apollin, Agronomes et Vétérinaires sans frontières, directeur général délégué
  8. Camile Spire, AIDES, présidente
  9. Diane Boulard, AIME, responsable volontariat
  10. Léon Josselin, Amref Health Africa France, délégué général
  11. Delphine Lethimonnier, APDRA Pisciculture paysanne, directrice
  12. Adrien Sallez, Asmae – Sœur Emmanuelle, directeur général
  13. Sylvia Maeght, Association La Voute nubienne, directrice adjointe
  14. Pauline De La Cruz, Batik International, présidente
  15. Nicolas Petit, Bioport, directeur général
  16. Emanuela Croce, Care France, codirectrice
  17. Alexandre Morel, Care France, codirecteur
  18. Patrice Burger, CARI, président
  19. Claire Chaillou-Gillette, CartONG, présidente
  20. Virginie Amieux, CCFD-Terre Solidaire, présidente
  21. Daniel Verger, CLONG-Volontariat, président
  22. Sandra Metayer, Coalition Eau, coordinatrice
  23. Léa Rambaud, Coalition Éducation, coordinatrice
  24. Vincent Leclercq, Coalition PLUS, directeur général
  25. Anne-Françoise Taisne, Comité français pour la solidarité internationale, déléguée générale
  26. Julie Stoll, Commerce équitable France, déléguée générale
  27. Daouda Conté, Coordination des sssociations guinéennes de France (CAGF), président
  28. Olivier Bruyeron, Coordination SUD, président
  29. Alioune Sy, Cosim Nouvelle-Aquitaine, président
  30. Bakonirina Rakotomamonjy, Centre International de la Construction en Terre (CRAterre), présidente
  31. Céline Méresse, Crid, présidente
  32. Olivier Weber, Douleurs sans frontières, président
  33. Hervé Gouyet, Électriciens sans frontières, président
  34. Oriane Del Taglia, Engagé·e·s & Déterminé·e·s (E&D), déléguée générale
  35. Michel Gasnier, Entrepreneurs du monde, président
  36. Aurélie Gal-Régniez, Equipop, directrice exécutive
  37. Annabel Thapa, Essor, directrice
  38. Éric Buchet, Experts-Solidaires, président
  39. Yannick Anvroin, Fédération Artisans du monde, administrateur et membre du bureau collégial
  40. Alhassane Diallo, Fédération des associations guinéennes en Hauts-de-France, président
  41. Elora Hervé, Fédération Léo Lagrange, responsable des programmes internationaux
  42. Eléonore Morel, FIDH, directrice générale
  43. Gilbert Mitterrand, Fondation Danielle Mitterrand, président
  44. Benoit Miribel, Fondation Une santé durable pour tous, président
  45. Mackendie Toupuissant, Forim, président
  46. Laurence Tommasino, Geres, déléguée générale
  47. Jean-Marc Pradelle, GRDR Migration-Citoyenneté-Développement, président
  48. Luc Arnaud, Gret, directeur général
  49. Marie-Noëlle Reboulet, Groupe Initiatives, présidente
  50. Marie Pascal, Habitat Cité, directrice
  51. Amadou Diouldé Barry, Habitat Cité, coordinateur administratif et financier
  52. Martine Gernez, Hamap-Humanitaire, présidente
  53. Manuel Patrouillard, Handicap International, directeur général
  54. Alix de Nicolay, Helen Keller Europe, directeur général
  55. Agnès Rossetti, Initiative Développement, présidente
  56. Lionel Combey, Inter Aide, directeur
  57. Henri Leturque, Iram, directeur
  58. Sophie Lehideux, Kynarou, directrice
  59. Nathalie Tehio, LDH (Ligue des Droits de l’Homme), présidente
  60. José Mariage, Le Partenariat, directeur général
  61. Béatrice Musseau, Les Amis des Enfants du monde, présidente
  62. Jean-François Corty, Médecins du monde, président
  63. Stephan Exo-Kreischer, ONE, directeur exécutif Europe
  64. Cécile Duflot, Oxfam France, directrice générale
  65. Yolaine Guérif, Partage avec les enfants du monde, directrice générale
  66. Anne Bideau, Plan International France, directrice générale
  67. Véronique Jenn-Treyer, Planète Enfants & Développement, directrice
  68. Sarah Durocher, Planning familial, présidente
  69. Kilema Kaminimini, Plateforme des associations congolaises de France, vice-président
  70. Jacques Carles, Samusocial International, président
  71. Benjamin Soudier, Santé Sud, directeur général
  72. Adelaïde Bertrand, Secours catholique-Caritas France, déléguée générale
  73. Romain Desvalois, Seves, délégué général
  74. Florence Thune, Sidaction, directrice générale
  75. Audrey Boullot, SOL, Alternatives agroécologiques et solidaires, codirectrice
  76. Anne-Marie Harster, Solidarité laïque, présidente
  77. Kevin Goldberg, Solidarités International, directeur général
  78. Serge Breysse, Solthis, directeur général
  79. Isabelle Moret, SOS Villages d’enfants, directrice générale
  80. Didier Vaubaillon, Terre des Hommes France, président
  81. Stanislas Bonnet, Triangle Génération humanitaire, directeur général
  82. Maud Lhuillier, Un Enfant par la main, directrice
  83. Véronique Andrieux, WWF France, directrice générale
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