Qui porte atteinte à un seul d'entre eux nous expose tous à retomber dans la barbarie .
Notre Section de la Ligue des Droits de l'Homme choisit la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale (21 mars) pour témoigner, en ces temps où ils sont remis en question, voire bafoués, que les droits humains sont le fruit précieux de conquêtes et qu'ils nous sont légués en héritage.
Sans remonter au Code d'Hammourabi en Babylonie (actuel Irak) qui est destiné à faire régner la Justice dans le royaume, à empêcher les forts d'opprimer les faibles et à promouvoir le bien-être du peuple, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 Août 1789 définit des droits « naturels, inaliénables et sacrés », c'est à dire qui s'appliquent à tous, dont personne ne peut être privé et qui sont liés l'un à l'autre.
Les atrocités commises entre 1939 et 1945 ont rendu à la fois possible et nécessaire l'émergence d'un consensus international sur le besoin de protection et de codification des droits humains.
C'est ainsi que fut créée l'Organisation des Nations Unies et qu'en 1948 fut adoptée la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Il s'est agi à chaque fois ni plus ni moins de mettre la force au service du droit.
En France le Conseil National de la Résistance bâtissait les fondations de l'Etat Providence sur les principes énoncés dans la Convention de Philadelphie proclamée dès le 10 Mai 1944 : « tous les êtres humains, quelques soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales. « Tout y est et, en le faisant, les membres fondateurs du CNR ont donné - tort au tyran Poutine - ont donné raison à Albert Camus qui écrivait dans le journal Combat en Septembre 1945 : « je le dis parce que je le crois, la France et l'Europe ont aujourd'hui à créer une nouvelle civilisation ou à périr ».
En 1966 une nouvelle étape est franchie avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui se fonde sur le principe d'égalité et de non-discrimination : droit à la vie, à la liberté et la sécurité des personnes, à un procès équitable, à la vie privée, à la liberté de pensée, de conscience et de religion, de liberté d'opinion et d'expression, de la presse, de réunion, d'association, de se marier et de fonder une famille, à l'égalité devant la loi et à la non-discrimination.
Ce Pacte concerne aussi les droits économiques sociaux et culturels et implique une intervention « positive » de l'Etat qui se doit de contribuer à la concrétisation des différents droits fondamentaux que sont le droit au travail, à des conditions de travail justes et favorables, à un niveau de vie suffisant à l'éducation et à la santé.
Enfin constituent des droits humains les droits dits collectifs aussi appelés « droits de solidarité » qui préservent l'intégrité de la population dans son ensemble : l'environnement, le développement, la paix, le respect du patrimoine, et de certains groupes jugés plus vulnérables. L'ONU a adopté les conventions internationales :
- En 1979 sur les formes de discrimination à l'égard des femmes
- En 1989 sur la protection des enfants
- En 1990 sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille
- En 2006 sur les droits des peuples autochtones.
Pourquoi ce rappel ?
René Cassin, Président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme, a lancé ce cri lors de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme en 1948 : « il faut que la déclaration devienne une réalité avant que nos générations aient péri ». Ce cri fait écho à celui lancé par Albert Camus trois ans plus tôt.
Ce cri, nous ligueurs nous le reprenons aujourd'hui pour que chacun de nos concitoyens exprime en conscience son droit de vote en toute connaissance du respect apporté ou pas par les candidats et les candidates à l'élection présidentielle aux droits humains si chèrement conquis au fil des siècles. Ils constituent le socle de notre civilisation chérie par Camus, Cassin et tant d'autres anonymes. Les droits humains sont tous liés l'un à l'autre. « Qui porte atteinte à un seul d'entre eux nous expose tous à retomber dans la barbarie ».
Ce texte a été écrit par Jean-Pierre Bougnoux, vice-président de la section. Il l'a lu à l'occasion du rassemblement en soutien au peuple ukrainien.