Reportage dans un bidonville rom aux portes de Paris
Nous diffusons ici un mail reçu de la chaîne web BRUT et son lien vers une vidéo qui témoigne de la situation de roms en région parisienne.

Pour Brut, Camille C. est allée à la rencontre de plusieurs familles roms de la région parisienne. Elle a rencontré trois familles installées dans ce bidonville, grâce notamment à Janine qui depuis plusieurs années les aide dans leurs démarches et dans leur quotidien. Elle raconte.
"Quand il s’agit de Roms tout le monde s’en fout un peu.
« J’ai remarqué qu’on parlait peu des Roms et comme j’aime bien m’intéresser aux minorités un peu invisibles, je me suis dit que j’allais explorer les camps de Roms, à la recherche d’histoires qui pourraient permettre de mieux connaître cette communauté. C’est comme ça que j’ai rencontré une association qui m’a parlé d’un camp situé loin de tout, presque caché. C’est un endroit, qu’on peut appeler un bidonville, qui est situé sur une ancienne zone d’épandage des eaux usées de Paris et qui est contaminé depuis une quinzaine d’année : les enfants ont un taux de plomb beaucoup trop élevé dans le sang et cela peut provoquer une maladie qu’on appelle le saturnisme. J’ai donc décidé de me rendre dans ce camp sans eau et sans électricité pour voir dans quelle mesure il s’agissait là d’un scandale sanitaire et étudier la question du saturnisme. Étonnamment les médias en général n’en parlaient pas, parce qu’en général quand il s’agit de Roms tout le monde s’en fout un peu.
"Au bout de deux ou trois jours les familles ont accepté de m’ouvrir leurs portes.
Quand je suis arrivée sur place, je me suis vraiment rendu compte que les gens de ce camp vivaient très éloignés de tout, qu’ils ne parlaient qu’à très peu de monde et donc encore moins à des journalistes. C’est vraiment un endroit invisible. C’est une dame qui s’appelle Janine qui les connaît et qui a l’habitude de parler avec eux qui m’a aidée à entrer en contact. Au début c’était un peu fermé, à cause des caméras, et au bout de deux ou trois jours les familles ont accepté de m’ouvrir leurs portes. J’ai erré un peu partout dans le camp, j’ai papoté avec tout le monde et j’ai pu entrer en contact avec trois familles - même si dans le documentaire on n'en voit vraiment que deux. J’ai tout de suite été touchée par Miodrag et sa famille, Miodrag qui est Serbe, qui parle un peu français, qui est vétérinaire et qui vit dans un camp. Miodrag, il n’arrive pas à bosser en France parce qu’il n’a pas de papiers, son histoire est particulièrement touchante
"Ceux qui font la manche sont ceux qui parlent le mieux le français
La deuxième famille travaille dans le domaine agricole et la troisième fait la manche. Ceux qui font la manche sont ceux qui parlent le mieux le français, parce qu’ils sont en contact avec les gens, à l’inverse de ceux qui sont dans le domaine agricole et qui parlent très peu le français, parce que, eux, à l’inverse sont en contact avec très peu de personnes. Pour aller à leur rencontre, j’ai trouvé un monteur et traducteur roumain qui m’a épaulée sur ce sujet et qui m’a accompagnée dans le bidonville pour me permettre d’entrer en contact avec les Roms du camp. Les portes se sont alors ouvertes un peu plus, mais sur place c’est aussi et surtout Janine qui m’a permis de gagner leur confiance et d’aller à leur rencontre de façon plus précise. Ça fait des années qu’elle les aide pour les papiers, pour l’hôpital, pour reloger des familles, ils lui font vraiment confiance. »