CRA de Rennes : deux suicides, dont un policier, et plusieurs tentatives
Nous relayons ici la Newsletter de l’équipe de la Cimade qui intervient au centre de rétention de Rennes
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Loin des yeux, loin du droit |
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Paroles retenues |
“Dès que je suis entré ici, j’ai détesté. Pourquoi ? - d’abord, l’hygiène, un homme sans hygiène, c’est pas bien ; - les aliments, c’est pas bon. On est des humains mais on nous traite comme des chiens ; - quand vous êtes couché, vous dormez pas bien. On vous traite de tout. Et pourtant tous ceux qui sont là sont innocents, on n’a juste pas de papiers. Ils nous fatiguent pour détruire notre moral. Alors que d’autres, qui font du mal, sont dehors. Moi j’ai traversé la Libye, l’Italie, pour arriver ici. Et on m’enferme pour rien, juste parce que j’ai pas de papiers. Je vis avec ma copine, j’ai des preuves, une attestation d’hébergement, mais ils disent non. Pourquoi ? Pourquoi ? Ils nous envoient ici pour nous rendre fous. Les médicaments qu’on nous donne sont des mauvais médicaments, la nourriture est mauvaise. Moi j’ai dit que je ne voulais pas prendre les médicaments parce que je ne suis pas fou. J’ai une famille à nourrir. Et on m’enferme ici, je deviens fou. Je n’arrive pas à manger ici, j’ai pas d’appétit, j’ai demandé si on pouvait me donner un médicament pour ça, mais non. On nous donne que du doliprane et des médicaments pour dormir. Si on pouvait manger bien et dormir, ça pourrait aller mais c’est pas le cas. Ça me fait très très très mal d’être ici. Même mon pire ennemi je ne veux pas le voir ici. Ils vont te détruire mentalement, physiquement, ils vont te détruire complètement. Jusqu’à ce que tu sois fou. On n’a pas de papiers, mais tant qu’on n’a pas fait de délits, on est innocent. Qu’ils nous laissent en paix. J’ai dit que j’ai un projet : je veux sensibiliser sur la question des migrants, j’ai mis en place un évènement sur Paris. Mais je ne peux plus suivre le projet depuis que je suis enfermé ici. “ Amadou, enfermé depuis 15 jours |