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Publié par LDH49

Nous publions ci-dessous un article glané dans le journal ‘Le Parisien’. Initiative à suivre pour voir s’il permet réellement des solutions d’hébergement et s’il est reproductible…

Lire l’article en ligne dans le Parisien en cliquant ci-dessous

Dix-huit grands opérateurs immobiliers ont signé, ce lundi, une charte autorisant l’occupation des locaux vides par des acteurs sociaux ou culturels, dans l’attente de travaux.

Par Eric Le Mitouard

Le 26 août 2019 à 19h59

Il y a depuis longtemps des friches et des squats dans Paris, avec des occupations illégales d'immeubles vides qui se terminent souvent par des expulsions.

Depuis cinq ans, avec la crédibilité de certains collectifs, associations et coopératives comme Plateau Urbain, Yes we Camp, Aurore ou Soukmachines, le principe de l'occupation utile de mètres carré vides, par des artisans, des artistes avec en même temps de l'hébergement d'urgence, est devenue une évidence.

L'exemple des Grands Voisins

« Aujourd'hui, nous célébrons l'occupation temporaire », s'est réjouie Carine Saloff-Coste, directrice de l'attractivité et de l'emploi à la Ville de Paris, juste avant la signature par une vingtaine de grands opérateurs immobiliers parisiens, d'une Charte « en faveur de l'occupation temporaire, comme outil au service du territoire parisien ».

Derrière les mots, il y a une réalité dynamique, une énergie qui se retrouve dans des sites parisiens à l'exemple des Grands Voisins, lieu emblématique du XIV e arrondissement, fer de lance de cette nouvelle occupation des lieux vacants. Ici, en l'occurrence, l'ancien hôpital Saint-Vincent de Paul. « Pour moi, cela a été l'expérience la plus formidable et la plus nourrissante de ces cinq dernières années d'élues », a avoué Carine Petit, maire PS du XIV e, tout en soulignant que l'AP-HP (Hôpitaux de Paris) n'a pas encore signé cette charte. « Des locaux vides, partout dans Paris, c'est anormal. Il faut se battre, même pour deux mois ou 3 ans pour accueillir des associations, de la vie et de l'hébergement d'urgence », a-t-elle encore souligné. Les sites similaires vont donc se multiplier.

Bruneseau dans le XIIIe, une ancienne usine à Auteuil..

Cette charte permet de « concevoir et de faire une ville autrement en l'ouvrant à des projets urbains transitoires », comme le dit son intitulé. Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, y adhère. « C'est un enjeu d'autant plus crucial qu'une ville dense comme Paris ne peut pas s se permettre de geler plusieurs milliers de m2 pendant des années ». De nouvelles occupations sont possibles : cela veut dire de l'hébergement d'urgence, mais aussi l'accueil de pratiques artistiques alternatives, d'événements festifs, l'intégration d'artisans ou de projets sociaux et solidaires à des tarifs réduits ou même gratuits.

Paris a du stock de foncier. Un appel à projets est en cours pour l'animation des anciens ateliers de la porte d'Ivry, dans le XIIIe. Avant d'enter dans le concret, « d'inventer Bruneseau » également dans le XIIIe, 100 000 m2 vont s'ouvrir à une nouvelle programmation temporaire. Même chose dans l'ancienne usine de pompage d'eau de la Seine à Auteuil. Cela devrait permettre, dès 2020, à des groupements de riverains de créer des ateliers et des activités à destination de familles du quartier…

LA PREUVE PAR 3 EXEMPLES

- Les Grands Voisins, dans le XIVe. Cette opération a permis de rendre crédible l'occupation temporaire. « C'est notre premier exemple de tiers lieux, qui a permis d'apporter du lien social et où nous avons pu héberger près de 600 personnes », se réjouit Eric Pliez, directeur général d'Aurore. Des activités culturelles et sociales se sont multipliées en cinq ans. Le lieu est aujourd'hui encore très dynamique.

- La caserne de Reuilly, dans le XIIe, fait la fierté de Paris habitat. « Nous avons humanisé le site », assure Hélène Schwoerer, directrice adjointe de l'opérateur HLM. 200 réfugiés ont pu vivre ici, aux côtés de la boutique d'Emmaüs ou des jardins d'Alice… 7 000 m2 d'espaces ont été ouverts aux activités les plus diverses entre 2013 et 2015. Et aujourd'hui, le projet immobilier s'est réalisé.

- Les Petites Serres, dans le Ve, sont composées d'un hôtel particulier du XVIIIe siècle et d'une halle industrielle. 2 000 m2 qui, depuis 2015, hébergent une cinquantaine d'artisans et start-up. « C'est une réussite qui prouve que l'urbanisme transitoire n'est pas un risque », conclut Julien Citron de Plateau Urbain.

« Les opérateurs immobiliers sont même demandeurs » Stéphane Dauphin, directeur général de Paris Habitat

Paris Habitat, premier bailleur social de la ville de Paris, a signé la charte de l'occupation temporaire. Stéphane Dauphin, son directeur général, nous explique les enjeux.

Depuis combien de temps êtes vous engagé dans ces occupations temporaires ?

On a lancé quelques premiers projets qui ont configuré ces idées dans les années 2000. Mais la première opération concrète est la caserne Reuilly (XIIe). Il y a cinq ans, nous avons piloté l'opération avec une pluralité d'acteurs pour faire de l'hébergement, des initiatives culturelles et d'insertion. Depuis deux ans, nous nous sommes aussi engagés à la caserne d'Exelmans (XVIe).

Au début, cela pouvait créer des craintes ?

Au début c'était une nouveauté. Mais aujourd'hui, nous travaillons avec des acteurs reconnus, avec lesquels nous avons des relations sérieuses. Nous sommes même demandeurs dans certaines opérations. L'occupation temporaire a un sens social qui correspond à ce que l'on fait au quotidien.

Ce sont aujourd'hui des réussites ?

Cela nous permet d'occuper l'espace, d'ouvrir le site, et de donner l'occasion aux riverains de s'emparer des lieux. Résultat, on a présenté six permis de construire à la caserne de Reuilly et aucun n'a eu de recours. Le quartier a tout de suite accepté les projets. A Paris, on franchit une nouvelle étape avec la signature de la charte pour le développement de telles opérations.

« Les millions de m2 vides doivent avoir une utilité » Paul Citron, directeur du développement de Plateau Urbain

Paul Citron est le directeur du développement de la coopérative Plateau urbain, qui existe depuis 2013 à Paris, puis en banlieue et maintenant en province. Elle comporte 35 employés qui créent des projets d'urbanisme solidaire.

C'est quoi, l'urbanisme transitoire ?

C'est le fait de pouvoir occuper des bâtiments vides pour leur donner des activités qui ne pourraient pas être hébergées dans la ville au prix du marché traditionnel : de l'économie sociale et solidaire, des activités culturelles, associative ou artisanale, et de l'hébergement d'urgence… Et tout cela s'intègre dans des sites en transition, vides. Cela va de l'immeuble de 1 000 m2 à l'immense site de milliers d'hectares. Paris regorge de lieux qui apportent de telles opportunités.

Cela prend réellement forme aujourd'hui dans Paris ?

C'est à partir des Grands Voisins, il y a cinq ans, que tout a réellement commencé à se faire de façon contractuelle. Il a fallu créer un climat de confiance entre les propriétaires et les opérateurs, il a fallu que chacun respecte sa parole et que chacun se mette au service de l'intérêt général et pas d'une énième marchandisation de l'espace urbain.

Comment améliorer encore le système ?

Cette charte va dans le bon sens, pour que les propriétaires immobiliers puissent mettre systématiquement à disposition leurs bâtiments vides. Aujourd'hui, des millions de mètres carré de bureaux vides en Ile-de-France doivent avoir une utilité et servir à la société civile.

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