Sans abris : le soit disant ‘Appel d’air’ à Angers

La préfecture tout comme le maire d’Angers mettent en avant l’appel d’air, lorsqu’on parle de l’insuffisance des places d’accueils pour les sans abris sur Angers !
De quoi parle-t-on ? On parle de personnes à la rue, sans abris, en plein hiver. On parle d’hommes, de femmes mais aussi d’enfants. Certains de ces enfants sont très jeunes, d’autres sont scolarisés. Emmaüs a raison d’interpeller les collectivités. L’appel de l’Abbé Pierre, c’était en 1956. Plus de soixante ans après il n’a pas encore été entendu !
Ce sont les associations, les bénévoles (on les appelle les ‘jokers’), les squats qui pallient aux insuffisances d’accueil des pouvoirs publics.
La peur injustifiée de l’appel d’air
Ce qui n’est pas toujours dit par ceux qui parlent d’appel d’air, c’est la crainte d’arrivée de migrants sur Angers ! Si on accueille trop bien, on verrait leur nombre augmenter ! Cet argument n’est pas fondé pour plusieurs raisons :
- Qui peut croire aujourd’hui qu’on part de la corne de l’Afrique, d’Albanie ou de Guinée avec comme destination rêvée Angers ?
- De nombreuses villes françaises, dont celles de la région parisienne, font face à des arrivées plus massives.
- Les statistiques des personnes à la rue devant l’Abri de nuit tenues par SOSmigrants49 montrent des fluctuations importantes de ces migrants en cours d’année, alors que l’accueil est sensiblement le même toute l’année
- Concernant les demandeurs d’asile primo-arrivants, l’État doit les héberger en CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) : les intéressés doivent se rendre dans la ville où leur est proposé l’hébergement. C’est donc à l’État de réguler les affectations.
Pascal Brice, directeur de l'OFPRA pendant 6 ans, déclare dans Ouest-France du 17 février: "... On passe beaucoup de temps à lutter contre un fantasme : celui de l'appel d'air. Ceux qui y croient pensent qu'en 'pourrissant' la vie des exilés en leur compliquant la vie, ils viendront moins en France. C'est non seulement indigne mais totalement inefficace. Quand on sait ce que ces gens ont subi de souffrances, il est facile de comprendre que ce n'est pas une file d'attente devant la préfecture qui leur fera rebrousser chemin..."
Alors peut-on construire des solutions sur l’agglomération d’Angers pour les personnes à la rue, migrantes ou non?
Le débat est venu en fin de conseil d’Angers Loire Métropole (ALM) à l’initiative de l’opposition et relayé par des élus de villes autour d’Angers. Le président de l’Agglo dit que c’est une prérogative de l’État. C’est vrai, mais nous savons que de réelles solutions ne peuvent être trouvées sans coopération entre les services de l’État, la mise à disposition de bâtiments par les collectivités locales et la participation des associations locales qui se sont donné cette mission.
Certaines communes rurales et de la couronne périurbaine d’Angers proposent déjà des hébergements en lien avec le 115. Donc c’est possible.
Arrêtons de se renvoyer la ‘patate chaude’. Il s’agit d’humains pas de bétail !
