Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par LDH49

Des étudiants devant l'université de Montpellier. Photo d'illustration. (Reuters)

Des étudiants devant l'université de Montpellier. Photo d'illustration. (Reuters)

 Le JDD publie le 6/01/219 une tribune de nombreuses personnalités qui exhortent le gouvernement à revenir sur la hausse des droits d'inscription pour les étudiants non-communautaires.

"A y regarder de plus près, c’est un mur de l’argent que le gouvernement est en train de construire contre les étudiants étrangers", dénoncent les signataires dans une tribune à paraître dimanche dans le JDD, initiée par les écrivains et enseignants à l'Université Paris 8 Saint-Denis Vincent Message et Sylvain Pattieu. De nombreuses personnalités* s'en prennent à l'annonce par le gouvernement de la hausse des droits d'inscription pour les étudiants étrangers hors Union européenne. "Présentée comme une mesure d''équité solidaire', cette augmentation des droits, qui ne semblent pas en l'état du projet indexés sur les revenus des parents, menace d'abord les étudiants les moins fortunés", critiquent-ils.

Leur tribune sur la hausse des droits d'inscription pour les étudiants non-communautaires : "Officiellement, le programme s'appelle 'Bienvenue en France', et il se fixe l’objectif louable de mieux accueillir les jeunes du monde entier sur les campus de nos universités. Mais à y regarder de plus près, c’est un mur de l’argent que le gouvernement est en train de construire contre les étudiants étrangers. Le 19 novembre, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé une hausse sans précédent des droits d’inscription pour les étudiants étrangers qui ne sont pas issus de l’Union Européenne : à 2.770 euros par an en Licence et à 3.770 euros en master et en doctorat, les droits annuels se verraient multipliés par 15.

Cette mesure ne figurait pas dans le programme d’Emmanuel Macron. Prise par décret, sans débat démocratique, elle intervient quelques mois après la mobilisation contre le renforcement de la sélection à l’université - qui a pourtant montré combien nos communautés universitaires sont attachées au principe d’égal accès à l’enseignement supérieur.

C'est donc tout simplement à leur rêve d'étudier en France que cette mesure met fin

Le discours d'Edouard Philippe laisse entendre que le faible coût des diplômes serait la première motivation des étudiants qui viennent en France. L’argument est honteux : les enseignants qui ont eu dans leurs cours des étudiants internationaux savent combien ils sont attachés à ce que la France représente dans le monde, et avec quelle énergie ils participent à la vie intellectuelle et culturelle du pays.

Présentée comme une mesure d''équité solidaire', cette augmentation des droits, qui ne semblent pas en l’état du projet indexés sur les revenus des parents, menace d’abord les étudiants les moins fortunés : 21.000 bourses seulement sont prévues, pour 340.000 étudiants étrangers à l’heure actuelle. La plupart d’entre eux ne peuvent absolument pas se permettre ni de payer ces droits, qui représentent pour leurs budgets des sommes considérables, ni de grever leur avenir en s’endettant auprès des banques. C’est donc tout simplement à leur rêve d’étudier en France que cette mesure met fin. La 'stratégie d’attractivité' se résumerait alors à dire : étudiants pauvres, dehors.

Le gouvernement affirme vouloir attirer des étudiants des pays émergents, Chine, Brésil, Russie, et inciter au contraire les étudiants du Maghreb et d’Afrique francophone (qui représentent 45% des étudiants étrangers en France) à étudier dans des programmes implantés dans leurs pays d’origine. Cette sélection selon la richesse et l’origine géographique est insupportable. C’est un coup porté à la francophonie comme institution et à la solidarité que nous devons aux autres pays de cet espace linguistique. C’est aussi un coup porté au français comme langue d’enseignement dans le monde.

Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas d’un simple décuplement des droits mais d'un changement de paradigme

Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas d’un simple décuplement des droits mais d'un changement de paradigme. Alors que la France est un des pays développés qui consacre le moins d’argent à l’enseignement supérieur, la réponse du gouvernement au sous-financement des universités consiste à leur demander de faire payer tous leurs étudiants, y compris les plus pauvres. Au lieu de considérer l’enseignement supérieur comme un investissement dans l’avenir du pays, financé à la hauteur des besoins par la collectivité, le gouvernement voudrait nous faire entrer dans la logique de l'usage, où des institutions vendront des services aux personnes assez riches pour se permettre de les acheter. Si nous ne réussissons pas à contrer cette mesure, il est évident que les droits d’inscription augmenteront ensuite pour les étudiants de l'Union européenne, puis pour tous les étudiants français - comme l’a hélas recommandé un rapport récent de la Cour des comptes.

Au lieu de se mettre à la remorque des modèles anglo-saxons d’université payante, regardons les zones d’ombre de ce modèle : aux Etats-Unis, la dette étudiante atteint 1.500 milliards de dollars et menace l’équilibre de l’économie. Obligés de rembourser des prêts parfois sur des décennies, les diplômés ne peuvent plus choisir leurs carrières et ont de grandes difficultés à accéder à la propriété ou à fonder une famille. Si la France est le quatrième pays d’accueil des étudiants internationaux, c’est précisément parce qu’elle est le champion mondial d’un autre modèle, dont nous pouvons être fiers : celui d’un pays qui considère que le savoir n’est pas un service comme un autre.

C’est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement le retrait de cette mesure et l’ouverture d’un débat national sur le financement des universités. Nous appelons tous les citoyens, quelles que soient leurs sphères d’activité, à soutenir cet appel et à défendre ce bien commun qu’est un enseignement supérieur accessible à tous. Refusons ce nouvel obstacle à la justice sociale. Ne laissons pas le mur de l’argent monter toujours plus haut."

Une pétition a été mise en ligne sur le site Change.org

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :