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Publié par LDH49

Martine Landry, 73 ans, n'en a pas encore fini avec la justice. Relaxée en première instance par le tribunal correctionnel de Nice des faits "d'aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière", elle devra affronter un nouveau procès, car le parquet a fait appel. Auprès de LCI, elle confie sa détermination sans failles.

INTERVIEW sur LCI - 25 juil. 17:10 - Anaïs Condomines

Le tribunal de Nice l'avait d'abord relaxée. Martine Landry, bénévole pour Amnesty International, a appris mardi 24 juillet l'intention du parquet de faire appel. Alors qu'elle pensait le chemin judiciaire terminé, cette dame de 73 ans est donc à nouveau poursuivie pour "aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière". 

Il lui est en effet reproché d'avoir accompagné à pied deux mineurs guinéens depuis le poste frontière de Vintimille, en Italie, jusqu'à celui de Menton, en France, le 28 juillet 2017. Une version que la bénévole conteste : elle assure de son côté avoir attendu les deux migrants à la frontière française, afin de les emmener au commissariat quelques mètres plus loin. En première instance, le tribunal correctionnel a d'ailleurs assuré ne pas avoir les preuves d'un franchissement de la frontière franco-italienne et estimé que Martine Landry avait fait preuve d'une "action fraternelle dans un but humanitaire", et ce, "dans le respect du droit". 

Un appel du parquet d'autant plus incompréhensible que, le 6 juillet dernier, le Conseil Constitutionnel a censuré le "délit de solidarité" au nom du "principe de solidarité". Martine Landry, qui nous accorde aujourd'hui une interview, se dit sidérée. Elle encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. 

LCI : Quel a été votre ressenti lors de l'appel du parquet ? 

Martine Landry : D'abord, j'ai ressenti de la sidération. Parce que, dans mon cas, c'est le parquet qui a demandé la relaxe et l'a obtenue. Et puis maintenant, il fait quand-même appel. Cherchez l'erreur... J'en déduis un acharnement manifeste de la justice car les procureurs font toujours appel dans les cas de "délits de solidarité".

LCI : Ces déboires judiciaires vous amènent-ils à regretter votre geste ? 

Martine Landry : Je ne regrette rien. J'ai appliqué le droit en accompagnant deux mineurs depuis le panneau "France" jusqu'au poste de police, pour que les autorités les prennent en charge. La police a d'ailleurs appelé l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE, ndlr) et les enfants ont été placés le jour-même. 

Depuis, je mets tout en oeuvre pour faire connaître cette loi par tout le monde : nous devons protéger les mineurs en s'adressant aux autorités, pour qu'ils soient mis en sécurité dans en foyer. Je veux que chacun sache qu'il peut le faire : il suffit pour cela d'accompagner les enfants jusqu'au commissariat.

LCI : Comptez-vous, pour vous défendre, aller jusqu'en cour de Cassation ? 

Martine Landry : S'il y a la moindre condamnation à mon égard - je dis bien la moindre - alors oui, je suis prête à aller en Cassation, car j'estimerai que c'est injuste. Ce que fait notre association reste dans le cadre de la loi : nous défendons les droits fondamentaux de tous les humains. C'est ce que nous faisons. Il faut que cela soit reconnu au plus haut niveau. 

J'ai peu d'espoir d'obtenir un jugement favorable lors de la prochaine audience car jusqu'ici, les autres dossiers de "délits de solidarité" jugés à Nice se sont aggravés à Aix. C'est le cas de Pierre-Alain Mannoni (un universitaire qui a aidé des migrants, d'abord relaxé à Nice, il a ensuite été condamné à de la prison avec sursis à Aix-en-Provence, où se trouve la cour d'appel, ndlr) Cédric Herrou, lui aussi, va se pourvoir en Cassation. Mais je suis très bien accompagnée par les associations et les ONG, je suis prête.

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