Thomas Sankara, l’icône anticolonialiste
Lors de son voyage au Burkina Faso, Emmanuel Macron a annoncé la déclassification du dossier concernant l’assassinat de Thomas Sankara le 28 novembre dernier. L’ancien président burkinabé demeure, 30 ans après sa mort, un symbole de l’anticolonialisme africain.
La déclassification pourra-t-elle permettre de savoir un jour la vérité ? L’association Survie en doute car s’il s’est dit favorable à la déclassification des archives françaises sur l’assassinat de Thomas Sankara, Macron n’a pas évoqué une possible commission rogatoire pour que l’instruction ait lieu parallèlement en France, ce qui est pourtant la demande des juges burkinabè. L’ancien président burkinabé a été assassiné en 1987, mais des zones sombres entourent toujours sa disparition. |
Qui est Thomas Sankara ?
Un programme révolutionnaire et anticolonialiste
À seulement 33 ans, Thomas Sankara prend le pouvoir en Haute-Volta, ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest. En 1984, il renomme le pays "Burkina Faso" qui signifie "pays des hommes intègres". Dès lors, il met en place une politique révolutionnaire avec l’aide de son ami et bras droit, le capitaine Blaise Compaoré. Il souhaite moraliser la vie politique, atteindre l’autosuffisance alimentaire et construire de nouvelles relations avec la France.
Thomas Sankara a toujours défendu un programme anticolonialiste et anti-impérialiste. Afin de manifester sa volonté de rompre avec la diplomatie franco-africaine qu'il juge "néocoloniale", Sankara boycotte les sommets France-Afrique des années suivantes. C’est le cas notamment de celui de Vittel en 1983 et de celui de Bujumbura (Burundi) un an plus tard.
Au milieu des années 1980, les pays du tiers monde, en particulier les pays africains, sont touchés par une crise de la dette souveraine. En 1987, lors du sommet de l’Organisation de l'unité africaine à Addis-Abeba (Ethiopie), Thomas Sankara appelle les pays africains à se joindre à lui pour refuser de payer la dette souveraine aux banques occidentales : "Si le Burkina Faso, tout seul, refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence" ; saillie prémonitoire puisque Thomas Sankara sera assassiné quelques mois plus tard.
Trahi par son bras droit et ami
Le 15 octobre 1987, il est trahi par son bras droit et ami, le capitaine Blaise Compaoré, qui fomente un putsch contre lui. Thomas Sankara est assassiné avec douze de ses compagnons. C’est le capitaine Compaoré qui prendra le pouvoir pour les 27 prochaines années.
Trente ans après sa mort, celui qui était surnommé le "Che Guevara africain" demeure une icône anticolonialiste. Sa veuve, Mariam Sankara, n'a jamais perdu espoir d'un procès pour rendre justice à son mari.