Et encore une fois... on m'expulse moi, mes enfants et d'autres !
Hier 17 octobre, c’était la journée mondiale du refus de la misère. Qui mieux qu’une mère de famille qui connait les expulsions à répétition peut le mieux en parler ? Voici sa parole, diffusée dans une mise à jour de la pétition « Non aux expulsions sans relogement » sur Change.org
LDH 49
Et encore une fois... on m'expulse moi, mes enfants et d'autres ! Moi, qui n'est rien fait, moi qui tous les matins emmène mes petits enfants à l'école. Je suis une femme. Avec d'autres familles différentes, je vis au camp, appelé "campement des expulsés". Je ne dirais plus que je suis Rrom, car on me regarde bizarrement. Je ne dirais plus que je suis européenne car on me refuse des droits. Je ne dirais plus que je suis roumaine car on me demande ce que je fais ici, moi qui vit dans cette ville depuis 2007. Je suis angevine, et je brandirais fièrement ma carte électorale pour dire au Maire que je me rappellerais de sa méchanceté. La décision du tribunal est tombée. Du jamais vu m'a dit un militant. Pas de délai d'expulsion !? Nous avions tout fait, tout essayé, pour "s'insérer" comme ils disent, dans une société qui ne veut pas de nous. Moi et mes grands enfants, on a travaillé dur et on a eu des fiches de paie. On a eu des droits. Mais les droits aux logements, eux, nous ont été refusés. Les grands HLM d'Angers ont dit qu'ils avaient peur. Peur parce qu'on a vécu dans des squats. Être pauvres à Angers, c'est vivre le racisme, le racisme des pauvres ! Alors grâce à l'asso AJR, on a fait le DALO. Oui, obligés. Rien que des procédures, toujours des procédures. Mais pas de droits comme tout le monde. Le Dalo a dit oui. 3 familles avaient déjà été logées après l'auto-réquisition des Trois paroisses grâce à l'asso. 3 autres, vont avoir un logement à la fin de l'année. Et oui, pas la peine de nous virer avec des chiens. Il fallait juste attendre. La Mairie d'Angers, elle, elle n'attend pas. Elle veut nous dégager comme des chiens justement. Comment des gens qui gagnent plein d'argent et qui ont plein de pouvoirs peuvent être aussi inhumains ? Quand je vois ceux qui apportent à manger à Rouchy en face de notre camp, je dis bravo à eux. Quand je vois ceux qui partent dormir dans des buissons faute de place au 115, je pense aux mois où je dormais à la gare. Quand je vois ceux qui nous défendent, je connais le mépris qu'ils subissent. Quand je vois que je suis chassée depuis 10 ans de tous les endroits où je me reconstruis, j'ai presque envie de m'excuser. Alors au grand Maire de cette ville et à ceux qui décident, juges ou Préfet, je m'excuse, je m'excuse d'être pauvre, d'être Rrom, d'être incomprise, je m'excuse d'être obligée de trouver un lieu pour dormir, moi, mes filles, et mes petits enfants, je m'excuse d'être à Angers depuis 10 ans, je m'excuse de gêner votre conscience, je m'excuse d'être là, et ne vous excusez pas, vous n'avez aucune excuse ! |