Des coursier-ière-s à vélo qui ne veulent pas pédaler pour des miettes de pain noir
Dans ces mois d’été et de chaleur caniculaire, des coursier-ière-s à vélo sont en grève. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) dénonce le dévoiement du droit du travail qu’ils et elles subissent : c’est sur ordre des sociétés de livraison, au travers d’applications numériques, que ces coursier-ière-s à vélo attendent auprès de restaurants les commandes pour les porter au domicile des client-e-s.
Une de ces sociétés de livraison de repas exige que ses livreur-se-s payé-e-s jusque-là 7,50 € l’heure plus 2 ou 3 € la course, le soient désormais à 5 € la course sans fixe. La société a donné jusqu’à fin août à celles et ceux qui travaillent encore à ces conditions pour changer de contrat, argumentant qu’il ne s’agit que d’une activité d’appoint qui ne justifierait pas un salaire normal. Les coursier-ière-s de cette société protestent à juste titre contre ce qu’ils-elles estiment être une précarisation de l’emploi et une baisse de leur rémunération.
La LDH, qui œuvre pour l’effectivité des droits économiques et sociaux, est conduite à demander pourquoi les coursier-ière-s de ces applications numériques subissent une précarisation toujours plus forte de leur contrat alors qu’ils-elles exercent leur travail sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements.
Au-delà des différences de statut, la LDH rappelle que l’égalité d’accès aux droits est un principe intangible aussi en matière de conditions, de durée et de rémunération du travail, telle la prise en compte d’une véritable astreinte pour celles et ceux qui doivent se tenir prêt-e-s à intervenir rapidement sur leur lieu de travail.
Plus largement, ce conflit social pose la question de l’effectivité des droits de l’Homme au travail et du respect des différents textes et instruments qui les garantissent. La LDH demande à la ministre du travail l’organisation d’une conférence multipartite qui permette d’avancer sur le mode de réglementation de ce secteur. Dans l’immédiat, la LDH souhaite que le ministère du travail organise une médiation au profit de personnes qui subissent une exploitation sévère sans avoir les moyens de se défendre.