Dans le potager, les 49 soleils des migrants
'Soleils 49' est une association angevine de solidarité avec laquelle la LDH est associée notamment sur la plateforme 'SOS migrants 49'. L'article d'Ouest-France ci-dessous rend compte de l'une de ses activités : un potager solidaire.
Saint-Barthélemy-d’Anjou — Depuis février, une dizaine de migrants cultive un potager solidaire. Encadrés par des bénévoles, ils préparent leur insertion professionnelle. L’initiative Oignons, pommes de terre, basilic, courgettes. Rien que du classique dans un potager. Sauf que celui-ci s’appelle un « potager de Soleils ». Les mains qui jardinent viennent du Kosovo, de Macédoine, d’Albanie et du Gabon. Ils sont arrivés dans le jardin de Jean Diard, agriculteur à la retraite, à Saint-Barthélemy-d’Anjou, grâce à l’association Soleils 49, association angevine qui vient en aide aux plus démunis. « Sortir de la spirale de l’assistanat » Migrants et pour la plupart sans papiers, ils ont laissé derrière eux maison et voiture pour fuir la misère et les drames jusqu’à Angers, sans rien d’autre que l’espoir d’une vie meilleure pour leur famille. Pour les accompagner, les bénévoles de Soleils 49 ont décidé de créer un potager solidaire, tout en les responsabilisant et pour « les sortir de la spirale de l’assistanat », affirme Eric Lemasson, président de l’association. Sur la base du volontariat, une dizaine de migrants, dont cinq très réguliers, mettent la main à la pâte avec trois objectifs : préparer leur insertion professionnelle, retrouver un rythme de vie et améliorer leur équilibre alimentaire. « Coup de cœur » du jury au Prix de l’innovation sociale, à l’automne 2016, ce jardin potager a reçu une dotation de 500 € du CCAS, le Centre d’action sociale d’Angers. Et même s’il a fallu acquérir quelques outils, « il ne coûte pas bien cher » ce jardin, principalement équipé grâce aux dons. Sous la houlette de Marielle Mounier, formatrice au centre de formation professionnelle et de promotion agricole, des élèves du lycée agricole du Fresne – dont certains adultes en reconversion professionnelle – ont été associés au potager. Ils ont tout de suite accepté. « C’est notre métier de faire pousser des plantes », commente Marielle Mounier. Dès février, les élèves ont préparé la parcelle de 300 m2 , en jachère depuis une dizaine d’années, mise à disposition gracieusement par Jean Diard. Ils ont aussi fourni une bonne partie des semences. Au départ, certains étaient sceptiques. Mais, au fil des rencontres avec les migrants-apprentis jardiniers, les lycéens ont fini emballés. Tellement qu’aujourd’hui, ils demandent des photos du potager pour en voir l’avancée. Qui dit culture dit eau. Il a donc fallu en amener d’un puits voisin. Là aussi, ce sont les réfugiés qui ont réalisé les travaux. Le chef d’équipe est un bénévole : Bernard Déron, retraité de l’horticulture. Modeste et « attaché à l’humain », il avait à cœur de réaliser un potager 100 % bio pour aider les familles à bien s’alimenter. « On travaille pour eux mais avec eux. » Une fois sortis de terre, les légumes sont répartis entre les familles des jardiniers, « ceux qui cultivent peuvent récolter » . Le surplus ira pour la distribution au siège de l’association, au 1, rue Drouard, à Angers. Parce que leur première préoccupation est de manger, mais leur motivation est avant tout « d’aider les gens qui n’ont pas le sou » . D’ailleurs, pour remercier Soleils 49, les jardiniers ont planté 49 tournesols. 49 soleils. Emilio MESLET. |