Maison d’Arrêt d’Angers : des détenus demandent une expertise de leur condition de détention
A la Maison d’Arrêt d’Angers, les conditions de vie sont indignes, c’est un constat de longue date. Les associations du Groupe Angevin de Concertation Prison dont est membre la LDH dénoncent cette situation depuis de nombreuses années : insalubrité, surpopulation…
Un requête en référé expertise auprès du tribunal de Nantes va être déposée cette semaine. C’est ce que développe l’article d’Ouest-France paru ce jour
À Angers, l’état de la prison exposé à la justice Une bonne vingtaine de détenus va saisir le juge administratif à Nantes pour dénoncer la vétusté et l’insalubrité de l’édifice. Nous avons eu accès à certains de leurs témoignages écrits. Des témoignages édifiants. Des récits saisissants. Une bonne vingtaine de dossiers vont arriver, à la fin de cette semaine ou au début de la prochaine sur le bureau du juge des référés du tribunal administratif de Nantes. Des détenus décrivent leur quotidien au sein de la maison d’arrêt d’Angers. Ils formulent ainsi une requête en référé expertise. Cette démarche consiste à demander à un magistrat de dépêcher un expert pour constater l’état des cellules de la prison. Un édifice construit en 1856 et dont le niveau d’insalubrité amène à des soubresauts réguliers. Comme le 4 septembre dernier, quand les détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules au terme de la promenade. Ce qui a amené le bâtonnier Philippe Héry à alerter le Garde des sceaux Jean-Jacques Urvoas, lors d’une visite à Angers, deux mois plus tard. « Saleté, moisissures », « rats et cafards » Dans les questionnaires, les prisonniers évoquent tous des « cellules en très mauvais état. Pas de balayettes, le sol était noir de saleté » .Les murs accueillent « humidité, dégradations, saleté, moisissures, graffitis » . Ils voient défiler des animaux nuisibles. « Fourmis, rats » ,« des cafards et des pigeons dans la cellule et la galerie » . L’état des douches ? « Elles sont sales, cassées, le plafond qui tombe. » Pour les trois toilettes hebdomadaires, « il n’y a pas d’eau chaude, c’est très problématique » .En cellule, il vaut mieux abandonner tout espoir d’intimité au petit coin. Parfois, un muret de fortune est mis sur pied « avec mon drap de lit pour cacher » . Sur le plan de l’hygiène, il n’y a « pas de distance » entre les toilettes et le lieu qui fait office de cuisine. Tout le monde profite du moment. « On augmente le volume de la télé, on brûle de l’encens » lorsque l’un des occupants va faire ses besoins. Une promiscuité envahissante. « Les remontées des toilettes, du lavabo, le saut à ordures, le bruit de la musique à fond jusqu’à 4 h du matin. » « La loi du plus fort » La cour de promenade n’échappe pas à la saleté. Elle n’est « pas propre. Le sol, les murs sont en mauvais état. » Un espace partagé où la violence peut s’inviter. « Quand il y a une bagarre, les surveillants n’interviennent pas. Donc insécurité. » « C’est la loi du plus fort. » Sur le plan de la santé, les pensionnaires de la maison d’arrêt décrivent des prises en charge difficiles. « On n’est pas des animaux. À l’infirmerie, on se contente de donner du paracétamol pour chaque blessure ou douleur. » Un détenu souffrant d’une hémiplégie cérébrale infantile doit vivre avec des membres partiellement paralysés. « Par rapport à mon handicap, je n’ai aucun traitement, ni suivi adapté. Pour demander un rendez-vous avec le médecin, c’est pas avant une semaine. » Les récits évoquent encore des cas de gale. Mais aussi de la « peur d’attraper des maladies. Les personnes ayant des hépatites ou autres contaminations sont mélangées et pas isolées. » Les détenus paient pour tout. « Même le papier toilette doit être cantiné (payé) sinon, il faut trouver une autre solution. Tout est cher. » Menée par le barreau d’Angers, le Syndicat des avocats de France, portée par Me Julien Roux, Me Mathilde Livenais, Me Romaric Raymond ou Me Jean de Bary, cette action ne court pas après une réparation financière. Elle vise à « une reconnaissance de la faute de l’administration et, à terme, à fermer cet établissement pour trouver une solution conforme à la dignité humaine ». Josué JEAN-BART.
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