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Ils étaient 18. 18 salariés sans salaires, surtout des femmes, pour beaucoup africaines, coiffeuses, manucures. Elles travaillaient au 57 boulevard de Strasbourg, dans le quartier du Château-d’eau à Paris. Ils travaillaient sans salaire, ou alors avec quelques euros que les patrons daignaient leur céder de temps en temps. Ils travaillaient 60 heures par semaine.
Et ils se sont révoltés.
Sur leur chemin Ils ont rencontré des syndicalistes, la CGT, la Ligue des droits de l’Homme, l’association « collectif des cinéastes pour les sans-papiers ». Ils se sont mis en grève. Au bout de 10 mois, Ils ont gagné.
Deux d’entre eux, Fatou Doumbia et Aminata Soumaoro, étaient venues raconter leur histoire au congrès de la Ligue des droits de l’Homme, samedi 23 mai 2015 au palais des congrès du Mans [Voir leur témoignage en fin d'article]

Epilogue d’un long combat mené en 2014 :
prison ferme pour les patrons

Ce jeudi 10 novembre, la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné Mohamed Bamba, l’un des gérants à deux ans de prison, dont un avec sursis et 31 800 € d’amende, tandis que le second, Walid Daollat, a écopé de 10 mois d’emprisonnement, et 10 600 € d’amende. Les deux hommes devront, en outre s’acquitter solidairement de 1 000 € auprès de chacune des victimes, et verser 1 500 € à la CGT, au titre des dommages et intérêts.
Dans le quartier Château-d’Eau, où les s’alignent les échoppes de coiffure afro et les ongleries, essentiellement entre les mains de patrons « mafieux », employant des salariés payés au compte-gouttes et privés de titres de séjour, la longue grève ponctuée d’actions, menées par les coiffeurs du « 57 » avait fait figure de combat emblématique. Désormais reconnu par la justice.
Indignité, vapeurs toxiques, travail dissimulé, emploi de personnes en situation irrégulière, absence d’aération, de toilettes, installation électrique hors-norme,… Le tribunal a jugé « intégralement coupables les deux gérants ». Au mois de mai 2014, alertée par la CGT, l’inspection du travail avait investi le salon de coiffure où les employés, non déclarés, travaillaient entre 12 et 16 heures par jour, contre une rémunération ridicule.
Précipitamment, Walid Daollat avait proposé 25 000 € cash pour rattraper les arriérés de salaires et tenté de liquider le salon, déclenchant l’action en justice des salariés, dont certains ont été menacés de mort par leurs anciens employeurs. Un second procès, au pénal, devrait prochainement se tenir pour « traite d’êtres humains ».

 

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