Hommage à Jacques Asseray

Grand Jacques,

Dès l’annonce de son décès un titre d’une chanson de Jacques Brel m’est venu spontanément à l’esprit : « Grand Jacques ». Mais contrairement à Brel à aucun moment il nous serait venu à l’esprit de demander à Jacques ASSERAY de se taire.
Grand Jacques s’est tu à jamais, alors l’écho de ses propos doit résonner à jamais dans nos mémoires.
Grand Jacques s’est tu à jamais, alors le souvenir de ses actes doit vivre à jamais dans les consciences de celles et ceux qui ont partagé sa vie ou cheminer un temps avec lui.

Il nous faut citer son combat indéfectible pour le droit de vote des Étrangers non communautaires aux élections locales. Il fallait le voir présider les bureaux de vote que nous installions sur les marchés d’Angers ou devant les mairies d’Angers et de quelques autres communes de l’agglomération. Puis celui qu’il a conduit en présidant le « comité de soutien » à un homme dont on avait volé l’identité.
Avec lui, la formule d’une « France pays des droits de l’homme » prenait tout son sens et pour lui ces droits devaient être étendus à tous les habitants de la planète. A preuve, Jacques a été capable presque tout seul de porter le projet de la création d’une Ligue des droits de l’homme en OUZBEKISTAN avec Talib YACOUBOV universitaire Ouzbeck réfugié un temps à Angers avec sa famille. Chacun se souvient au bureau de ce soutien sans faille, par exemple cet aller et retour dans la journée pour conduire Talib auprès de la Commission Européenne à Bruxelles.
Dans le prolongement et en cohérence avec tous ses autres engagements il avait adhéré par conviction à la Ligue. Il a accepté d’en prendre la présidence à un moment difficile dans la vie de notre organisation. Par lui et grâce à lui le fil tissé par la LDH dans ce département depuis 1902 est resté visible aux yeux de nos concitoyens. Militant chevronné et visionnaire il savait convertir en réalités des « morceaux d’utopies » qu’il portait en lui et que nous partagions.
Parlons de ses actes, arrêtons nous un moment sur quelques uns de ceux qu’il a posés à la LDH.

Il y aurait encore tant à dire sur sa vie de militant, tellement sa volonté à combattre l’indifférence et l’injustice était grande.
Qui a oublié la dernière œuvre de son mandat de président : les « Assises pour l’immigration » en 2010 à Angers. Il voulait tellement que l’étranger devienne un autre nous même.
Qui a oublié ses prises de paroles lorsqu’il parlait en notre nom ? Il aimait dire aux jeunes à l’occasion des concours de poèmes et autres écrits pour la liberté combien cette liberté était indissociable de la dignité due à tout être humain ?

Jacques était très pudique et secret sur sa vie personnelle. Son éducation chrétienne avec des parents « constructeurs » de solidarités en monde rural a sans doute coloré ses engagements comme chez beaucoup de militants angevins de sa génération ; mais chacun de nous, peut témoigner de sa tolérance envers l’autre et de sa défense rigoureuse de la laïcité. Ce faisant il a démontré que tous les chemins ne menaient pas à Rome.

Jacques s’est tu. Cela faisait un moment qu’on ne voyait plus ce grand jeune homme en vélo dans les rues d’Angers. Nous avons vécu douloureusement les prémices de sa maladie, puis il a quitté son Anjou natal. Sa disparition nous rend tristes, vraiment tristes, mais nous éprouvons une grande fierté de l’avoir côtoyé. Il vivra dans nos mémoires.

Pour conclure je citerai un extrait de la lettre du National:

"Militant des droits de l’Homme, engagé que ce soit dans le cadre professionnel, associatif, militant, il a été de celles et ceux qui constituent la force vive de notre citoyenneté. Il a été président de section et cheville ouvrière de son développement dans le Maine-et-Loire.

Dans le contexte délétère que nous connaissons, chaque disparition de l’un des nôtres constitue une perte militante qui nous fragilise mais nous assigne à reprendre toujours plus forte notre mobilisation pour la promotion et le respect des droits.

Jacques nous manque, Jacques nous manquera"

le 12 Octobre 2016

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