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Cette demeure est notre maison commune, celle de l'affirmation de la solidarité et de l'humanité !
Quand vous êtes transis de froid et que la structure publique pour qui la solidarité est une priorité vous refuse un hébergement, peut-on vous reprocher de se réfugier dans un local de cette même structure, si ce local ne sert à rien ?

Et bien, c'est ce qui nous arrive ! Nous, Rroms de Roumanie présents à Angers depuis 2009, nous sommes Angevins !
Après avoir dormi des mois à la gare, dehors, dans l'humidité, dans l'indifférence, dans la honte et la précarité totale, après avoir subi des expulsions par différentes municipalités successives et par l'agglomération d'Angers avec la complicité de la Préfecture, après avoir vécu le racisme ordinaire mais aussi le racisme institutionnel, après avoir subi un harcèlement policier et des différences de traitement administratives inacceptables, après avoir subi un contrôle social indignant, après avoir subi des accusations infondées, après avoir subi des stéréotypes et préjugés médiatiques, après avoir subi des humiliations dégradantes, nous avons trouvé refuge dans une maison aux Ponts de Cé, une maison ouverte qui n'était plus habitée depuis des années.

Cette maison, achetée avec l'argent public, n'a plus aucune utilité. Elle est vouée à la destruction. Mais comme vous le savez, le projet Rocade Sud est enterré !
Pourtant, le propriétaire, le Conseil départemental du Maine et Loire procède à notre expulsion sur un recours à la force publique. Il semble se fonder sur un principe de règles alors que la maison est propriété publique et n'est le domicile de personne. Évoquant une insalubrité qui n'est pas, et un manque de commodités (eau et électricité) que nous avons pallié, il nous assigne en Justice sans considérer la solidarité de proximité d'habitants du quartier de la Roseraie à Angers qui participent à la réponse de nos besoins ...

Nous qui sommes sédentaires et sans moyens, le Conseil départemental nous renvoie, sur un amalgame douteux, au terrain d'accueil.

Notre peuple a subi l'esclavage durant des siècles, accusé d'être différent. Nos origines indiennes nous ont fourni une langue, le Rromani, riche de sens spirituels et humains. Nous sommes dignes, Rroms et fiers de l'être, avec ce mot Rrom qui signifie "homme libre ". Dans notre maison, cohabitent et vivent ensemble des Rroms chrétiens et musulmans et des non Rroms. Nous sommes la véritable expression du Vivre ensemble ! Notre peuple vit en même temps dans plusieurs pays depuis toujours (Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Italie, France, etc.). Nous sommes européens, avec une liberté de circulation mais pas d'établissement !

Indésirables pour certains, nous sommes devenus un symbole de l'appel d'air. Manipulation électorale et jeu politique, cette peur de l'appel d'air, cette peur de l'invasion, cette peur de la misère cautionne sans vergogne toutes les politiques inhumaines actuelles. Une règle établie en France impose que tout citoyen européen doit subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. C'est sur la base de cette règle que le Conseil départemental du Maine et Loire a justifié son refus à l'hébergement. Ce même Conseil départemental qui se permet d'indiquer que nos enfants ne sont pas en danger pour ne pas nous aider, et parallèlement, le même qui affirme que notre situation est en danger pour justifier de notre expulsion. Obliger quelqu'un à dormir à la rue nous apparaît justement comme une mise en danger d'autrui ! Même les hébergements d'urgence rue René-Rouchy à Angers ont provoqué des cas de Gale ! Là, il s'agit de femmes enceintes, d'enfants, et de bébés !

En 2015, à Noël, un de nos enfants naissait en dehors de tout lieu d'hébergement. Des assistantes sociales, des agents de structures d'utilité publique, des responsables politiques et institutionnels savaient ! En même temps, des agents d'EDF avaient la consigne de couper toutes sources électriques.
Si n'importe qui avait été dans le besoin, nous, nous l'aurions accueilli !

Nous ne connaissons pas le luxe, mais nous connaissons les douleurs du froid et de la faim ! Heureusement, nous sommes riches d'une entraide familiale qui impose le respect des anciens et l'amour de nos enfants. D'autres familles nous ont d'ailleurs parfois accueillies sous le pont d'anciens chemins de fer près d'une grande surface commerciale d'Angers. Cette pétition réclame d'ailleurs qu'il n'y ait pas d'expulsion de leur repère de vie.
Discrets, nous ne gênons personne et ne sommes pas à la charge de la société. L'entraide consentie n'est pas une charge !
Nous voulons juste qu'on respecte notre dignité. Notre plus grand souhait, c'est d'avoir un travail et un logement. Nous sommes d'ailleurs inscrits à la Mission locale et à Pôle emploi. Certains ont eu la chance d'avoir eu quelques CDD mais trop peu.

Nous remercions tous les êtres humains qui nous ont aidés. Citoyens libres sans étiquette, membres associatifs ou non, angevins ou toulonnais, français ou étrangers, habitants de la Roseraie, de Monplaisir ou d'ailleurs. Tous ceux de l'AJR, du CSSP, d'Emmaüs, du Secours catholique, de Pas Sans Nous, du collectif Interquartiers49, de la Voix des femmes, ou d'autres organisations qui ont amélioré notre quotidien. Nous remercions toutes les personnes qui nous ont fourni notre mobilier, des vêtements et nourritures. Notre chance, c'est d'avoir vécu près d'un quartier, celui de la Roseraie à Angers. Là, des militants associatifs courageux nous ont soutenu et aidé, à l'image du quartier où des associations comme l'AJR, ont réussi à améliorer un environnement dans le respect des identités de chacun, refusant des divisions ethniques ou confessionnelles, et dans un apport multiculturel constant et enrichissant. La communauté la plus vivante est d'ailleurs celle du monde. Nous sommes une expression de cette humanité !

Cette expression, nous vous demandons de la conforter. Vous tous qui souhaitez le bien pour vos enfants, souhaitez le bien pour nos enfants ! Qu'on nous laisse en paix dans la maison des Trois paroisses ! Elle est la maison de tous !


Par le biais de cette pétition, vous demandez au président du Conseil départemental de nous permettre de nous reconstruire dans cette maison que nous avons réaménagée. Nous y sommes d'ailleurs depuis octobre 2015.

La société civile nous accompagne dans nos démarches administratives et nous aide à apprendre la langue française. Mais les parrainages successifs sont longs et sont impossibles sans toit !

Alors, pour que nos enfants se construisent dans la République et la démocratie du pays des droits de l'Homme, pour que nos bébés et leurs mamans bénéficient des droits conformes aux conventions internationales que la France a ratifié, les droits de toute femme et de tout enfant, il nous faut un point de ressource. C'est la maison dans laquelle nous vivons et évoluons ! Et nous sommes fatigués !

« Le social a une vertu ! ». Nous demandons juste que les institutions respecte notre intimité, suivant les articles 102 du Code civil et 432-8 du Code pénal. Laissez nous vivre dans cette maison sans pression d'une expulsion, stress pour nous et nos enfants scolarisés !

Notre histoire est celle de la solidarité par des actes ! Pas celle d'un paradoxe de décisions d'un Conseil départemental pourtant dévoué à l'aide aux familles en difficulté et à la protection de l'enfance. Notre histoire est celle de femmes et d'hommes, jeunes ou âgés, qui refusent le sort qui leur est trop souvent réservé.

Soyez avec nous, signez d'urgence cette pétition réclamant à Monsieur le président du Conseil départemental du Maine et Loire, M. Christian Gillet, d'arrêter les procédures d'une expulsion qui nous jettera encore une fois à la rue et risquerait un trouble à l'ordre public.
Cette pétition demande aussi à Madame la Préfète, Madame Béatrice Abollivier de ne pas recourir à la force publique contre des femmes enceintes et des enfants sans défense.

Les réquisitions des logements vides sont une solution à la crise sociale et humanitaire actuelle. Nous soutenons les demandes identiques ou les pétitions pour d'autres cas similaires en France.

Montrez le visage d'une République humaine et solidaire en signant et en partageant cette pétition !

Merci à tous.

photo: Manu Malin

Cette pétition sera remise au Conseil départemental de Maine et Loire / M. Gillet

Signer la lettre de pétition

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