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Publié par LDH49

Capture d'écran X

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Communiqué dont Patrick Baudouin, président de la LDH, Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la LDH, et Henri Leclerc, président d’honneur de la LDH, sont signataires

Les 2 et 3 avril 2024 comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Paris Béatrice Molle-Haran et Txetx Etcheverry, prévenus pour avoir « porté, transporté et détenu des armes, munitions et substances ou produits explosifs en relation avec l’organisation terroriste ETA ».

Les faits dont ils sont accusés remontent au 16 décembre 2016 et leur ont pourtant valu d’être qualifiés d’ « Artisans de la Paix ».

Ce jour-là, avec d’autres personnes dont Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Michel Berhocoirigoin, ancien secrétaire national de la Confédération paysanne et président de la Chambre d’agriculture alternative du Pays Basque ; Michel Bergouignan, ancien directeur de la coopérative viticole Irouleguy, tous trois aujourd’hui décédés ; Béatrice et Txetx ont participé dans la commune basque de Louhossoa à une opération de neutralisation d’une dizaine de caisses d’armes et d’explosifs provenant de l’arsenal de l’organisation ETA.

Artisans de la Paix

Cette action, qui leur valut d’être arrêtés et placés en garde-à-vue antiterroriste, fut applaudie et soutenue par la majorité de la société basque et de ses représentants de toutes sensibilités politiques.

En effet, ces personnalités issues de la société civile du Pays Basque et d’ailleurs, publiquement connues pour leur engagement non-violent, venaient remettre en cause et suppléer à l’absence d’initiatives de Paris et de Madrid pour accompagner ETA dans sa décision prise 5 ans auparavant de mettre définitivement fin à la lutte armée. Les deux Etats avaient poursuivi la répression à son encontre, mené les politiques de dispersion et d’exception à l’égard des prisonniers basques, et même pris des initiatives empêchant l’organisation ETA de procéder au démantèlement ordonné et sécurisé de son arsenal.

L’action de Louhossoa visait donc à enclencher ce démantèlement, afin d’en finir avec 5 ans d’inertie risquée de la part des autorités. Des centaines d’autres Artisans de la Paix prirent le relais et, le 8 avril 2017, pas moins de 20 000 personnes se réunirent à Bayonne pour la journée du désarmement au cours de laquelle le reste de l’arsenal d’ETA fut neutralisé par la société civile à laquelle l’organisation armée en avait confié la responsabilité.

Pour la première fois, un espace officiel de travail sur la question des prisonniers basques fut créé entre le gouvernement français et les Artisans de la Paix, qui permit de premières avancées, porteuses d’espoir, sur leurs conditions d’incarcération.

Le 3 mai 2018, l’organisation ETA annonça officiellement sa dissolution.

Aller de l’avant

De l’avis de toutes et de tous, Louhossoa a mis fin à 5 ans d’immobilisme dangereux, a accéléré le temps et a joué un rôle éminemment positif dans l’ouverture de nouvelles perspectives en Pays Basque. Beaucoup reste à faire pour aller vers une paix globale et durable, exempte de volontés de revanche, que ce soit dans le domaine de la reconnaissance due à toutes les victimes, du sort des personnes encore incarcérées ou en exil, ou encore du devoir de mémoire et de vérité.

C’est pourquoi nous, soussignés, ne pouvons comprendre le sens du renvoi de Béatrice Molle-Haran et de Txetx Etcheverry devant les tribunaux, à rebours du chemin restant à accomplir pour avancer vers plus de paix et de réconciliation en Pays Basque.

Nous demandons leur relaxe pure et simple. Elle retentirait comme le signal fort d’une détermination commune à résoudre l’ensemble des conséquences de cette confrontation armée qu’a trop longtemps connue le Pays Basque, et d’une volonté partagée d’ouvrir définitivement une nouvelle page de son histoire.

Le 19 janvier 2024

 

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